Comme des poissons dans le désert

Monique Pariseau, Le Sentier, Saint-Hippolyte, juillet 2019

Voilà le roman de Pierre Dionne Labelle qui, comme le titre, se rapproche de l’oxymore qui est une figure de style qui met en relation deux mots qui s’opposent, mais qui engendrent une image d’une force peu commune. Il n’y a pas de poissons dans le désert, mais on peut se l’imaginer et c’est peut-être là toute la force de ce roman.

Habitant Saint-Hippolyte, il a commencé sa vie artistique comme chansonnier tout en travaillant pendant plus de 20 ans comme agent de développement dans le réseau communautaire des Laurentides. De 2011 à 2015, il fut député du NPD.

Son roman ressemble un peu à sa vie, puisqu’il y allie politique et poésie. Si l’auteur s’attache à décrire un personnage, Alex, qui est fasciné par la violence et l’anarchie et ira combattre le djihad en Syrie, son amie, Maeva, amoureuse du fleuve, entreprendra un long périple en voilier.

Voilà donc où se situe cet auteur : politique et poésie se côtoient en une écriture qui fait autant rêver que nous informer sur les conflits qui se jouent un peu partout dans notre monde. Tout Pierre Dionne Labelle est dans ce roman qui reflète les valeurs qu’il privilégie. Le vent du large s’entremêle aux préoccupations sociales de l’auteur.

L’écriture de ce roman est d’une douceur qui étonne puisqu’il marie la poésie du fleuve et la violence de la guerre en Syrie. L’auteur décrit le fleuve comme peu ont su le faire. Il lui rend un hommage aussi tendre que réaliste. La lecture de Comme des poissons dans le désert est d’un intérêt sans failles. On le lit, page après page, sans se lasser, sans sauter un paragraphe puisque tous ses mots, ses phrases sont d’une justesse que peu d’auteurs réussissent à atteindre.

Lire le roman de Dionne Labelle est un véritable plaisir et c’est un peu avec regret qu’on arrive à la dernière page de cette histoire où les vagues et le vent du fleuve s’entremêlent à ceux de la politique. L’auteur a réussi, comme la beauté du Saint-Laurent, à nous charmer comme ce fleuve qui ne nous présente jamais le même visage et qui ne cesse de nous émouvoir! La photo illustrant la page couverture est aussi de l’auteur. D’une beauté qui souligne l’infini du fleuve, elle nous donne un sentiment de paix que nous retrouvons dans ce roman.