Jean-François Veilleux, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, juin 2019
À l’époque de la Nouvelle-France, les habitants privilégient la danse, la musique, les bals et la narration de légendes. Si les fêtes de quartier animent depuis longtemps les rues et les parcs urbains, Trois-Rivières voit aussi sa vie culturelle s’enrichir à la faveur du passage occasionnel d’une troupe de cirque ou de théâtre et se dote dès les années 1880 de kiosques à musique pour accueillir les fanfares. Une première fanfare fondée en 1877 sous le nom de Société Sainte-Cécile de Trois-Rivières deviendra l’Union musicale de Trois-Rivières en 1881.
Du point de vue événementiel, la première exposition agricole a lieu à Trois-Rivières en 1856, puis est tenue chaque année à compter en 1896. Durant l’âge d’or de l’Expo (1916-1932), le pavillon commercial devient pendant une dizaine de jours, au cours de l’été, le premier « centre d’achats » de Trois-Rivières. Alliant cirque, concours agricoles, courses de chevaux (jusqu’en 1981), sports (hockey, baseball), défilés dans les rues, expositions diverses et parc forain, l’Expo constitue un véritable paradis tant pour les adultes que pour les enfants. Selon l’historien Mario Bergeron, elle « demeure le plus ancien évènement populaire de rassemblement à Trois-Rivières ».
Du côté du septième art, les premières représentations cinématographiques sont données en 1896 par des représentants de la Compagnie des frères Lumière dans un local du restaurant Le National. C’est la grande salle de l’hôtel de ville trifluvien qui accueille les cinéphiles à compter de 1905, puis six salles de cinéma ouvrent leurs portes à Trois‑Rivières entre 1909 et 1928. Enfin, l’année 1968 marque la fondation du Ciné‑Campus du Séminaire Saint-Joseph, l’une des plus anciennes institutions du genre au Canada, voire en Amérique du Nord.
De nos jours, un grand nombre d’organismes ou de regroupements animent la vie culturelle. Outre les nombreuses salles de spectacles et les centres de création artistique (Atelier Presse Papier fondé en 1979, Atelier Silex fondé en 1983), s’ajoute les parcours urbains qui font la promotion du patrimoine, les pianos publics, les symposiums, les nombreuses troupes de théâtre, différents ensembles musicaux et instrumentaux, quelques chorales ainsi que la cellule cinématographique Kino 3R. Par exemple, le Théâtre des Nouveaux Compagnons, fondé en 1920, revendique le titre de plus ancienne troupe amateur francophone en Amérique du Nord, tandis que la Ligue d’improvisation mauricienne (LIM), fondée en 1982, est la troisième plus vieille ligue au monde.
Compte tenu de sa riche histoire culturelle, il n’est pas étonnant qu’à l’occasion du 375e anniversaire de sa fondation en 2009, la Ville de Trois-Rivières soit devenue la septième ville canadienne et la première grande ville québécoise à obtenir la mention spéciale de « Capitale culturelle du Canada », un honneur mérité.
Sources principales :
ANONYME. « Hommage à Léo Cloutier : Léo Cloutier, 1915-1993 », Ciné-Bulles, Vol. 12, no. 3, été 1993, p.41.
René BEAUDOIN (sous la direction de). Rencontrer Trois-Rivières, 375 ans d’histoire et de culture, Trois-Rivières, Les éditions d’art Le Sabord, 2009, 228 p.
Mario BERGERON. Changements sociaux et culturels du Québec à Trois-Rivières, par la voie d’un évènement rassembleur : le cas de l’exposition de Trois-Rivières de 1896 à 2005, thèse de doctorat en études québécoises à l’UQTR, septembre 2006, 464 p.
Mario BERGERON. Publicité et salles de cinémas à Trois-Rivières, le premier film sonore à Trois-Rivières, le premier film français à Trois-Rivières : mariobcinema.unblog.fr
Jacques BERTRAND. Les premières salles de cinéma à Trois-Rivières : public.sogetel.net/ninibe/