Jean-Marc Brais, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 12 juin 2019
Il aura fallu attendre cinq ans avant que ne soit présenté le documentaire portant sur le peintre Joe Beaulieu. La projection se faisait de concert avec le vernissage d’une trentaine de toiles de l’artiste établi à East Angus. Une centaine de personnes ont défilé pendant un après-midi ensoleillé de mai, à la salle communautaire des Chevaliers de la ville.
Tirer le «vert» du nez
Martin Mailhot s’est fait approcher en 2014 par le Centre local de développement (CLD) du Haut-Saint-François. L’organisation avait été contactée par la Ville de East Angus qui avait reçu la visite d’Anne Pouliot, la conjointe de Joe Beaulieu. « Comme le temps fait son œuvre, il m’était apparu nécessaire que soit réalisé un documentaire sur sa vie et ses œuvres exceptionnelles », relate Mme Pouliot.
De son côté, Martin Mailhot s’adjoint les services de son comparse Francis Charpentier. Ils vont une première fois à la rencontre de M. Beaulieu. « Joe, c’est un sujet en soi », concède M. Mailhot. Rapidement, lui et son collègue se mettent d’accord pour tourner un documentaire qui présentera Joe Beaulieu et son art. Sans scénario ou plan précis, ils laissent le peintre d’East Angus s’exprimer librement devant la caméra.
« On essayait de faire dire à Joe c’était quoi ses techniques de création. Souvent, il partait sur des histoires de ses personnages à la place », se souvient Martin Mailhot, qui a agi à titre d’aide à la réalisation dans le cadre du projet. Ne sachant plus quel angle emprunter pour le projet, les Frères Panache, nom que s’est donné le duo de vidéastes, sautent à pieds joints dans l’univers Beaulieu. « Notre film, ça va être sur un personnage, puis notre personnage, ça va être Joe. »
Un parcours du Bas à l’est
Sur les traces de Joe Beaulieu consiste en un documentaire intime et artistique d’une quinzaine de minutes. Au fil des entrevues, on remonte le fil de la vie de l’homme né à Notre-Dame-sur-le-Lac, aujourd’hui devenu Témiscouata-sur-le-Lac, dans le Bas-Saint-Laurent. Sa galerie-atelier Le Témiscoutin se veut d’ailleurs un rappel de ce coin de pays.
À 14 ans, il quitte son village natal pour aller vivre dans la ville de Québec de manière itinérante. Il commence à peindre sur des bardeaux de cèdre à une époque où les métiers à vocation artistique demeuraient tabous. L’ensemble de son œuvre porte un message; celui d’honorer la mémoire de ceux qui ont bâti notre pays. Et il inclut dans le lot autant les personnages humains que les chevaux qu’il a beaucoup observés sur les chantiers. Ses toiles mettent en scène un quotidien rural entremêlé de paysages bucoliques.
Souffrant aujourd’hui de polyarthrite rhumatoïde chronique, Joe Beaulieu affirme que « c’est la peinture qui m’a sauvé. Si je peux partir un pinceau dans les mains, je vais avoir réussi quelque chose d’extraordinaire dans ma vie. »
Fier Angussien
Le documentaire n’a pas manqué d’émouvoir nombre de gens présents à la projection. La mairesse de East Angus, Lyne Boulanger, faisait partie du lot. Elle s’est souvenue de sa rencontre avec le peintre du temps qu’elle était conseillère municipale. « Je suis tombée en amour avec cet artiste qui est si sensible à son entourage. » Peu après la construction du nouvel hôtel de ville en 2005, Mme Boulanger a d’ailleurs proposé que soit acquise et exposée une œuvre de M. Beaulieu à l’entrée du bâtiment.
Joe Beaulieu est demeuré succinct lors de son allocution. En toute simplicité, il a tenu à remercier l’assistance, de même que tous ceux qui ont pu croiser son parcours au fil des années et qui l’ont aidé à vivre de son art. Il s’est entre autres rappelé de son regretté ami Tex Lecor, qui portait un intérêt aussi grand que le sien à la peinture.
Les Frères Panache songent possiblement à rendre public leur métrage.