Marie-Josée Gamache, Le Trident, Wotton, mai 2019
On a vu beaucoup de dindons sauvages dans la région cet hiver. Certains aiment les observer quand ils s’approchent des maisons pour voler les graines d’oiseaux dans les mangeoires. D’autres sont des adeptes de sa chasse. D’autres encore les traitent de vermines et se plaignent des dommages qu’ils causent dans les champs lors des semences.
Les dindons sauvages ne sont pas indigènes au Québec. Ces volatiles sont originaires du Mexique et du Sud des États-Unis et sont particulièrement friands de maïs. Certains individus ont traversé la frontière à la fin du siècle dernier, illégalement ou comme réfugiés climatiques. Puis, un premier groupe a été introduit en Mauricie en 2003 pour plaire aux chasseurs. La chasse est permise depuis 2008 et est très populaire.
Les dindons sauvages se sont rapidement répandus. Ils se tiennent en gros groupes et ne sont pas farouches, ce qui facilite la tâche des chasseurs qui ne peuvent tuer qu’un dindon à barde (mâle) en mai. Les femelles font leur nid dans les bois et les bébés naissent vers le mois de juillet. Les mâles peuvent devenir agressifs et s’attaquer aux humains durant la période de reproduction. Ils causent aussi des dommages dans les jardins et aux propriétés quand ils arrivent avec toute la famille élargie. On peut essayer de s’en débarrasser en les effarouchant et en enlevant toute source de nourriture à leur portée. En quoi, le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Du petit volatile, on passe à la vache laitière qui a dû s’adapter à un changement radical de son environnement mais, surtout, à la méthode de traite. Toupette et toutes ses amies vaches Holstein de la ferme Jocha de Bertrand Drouin et Chantal Marcoux, ont emménagé dans leur nouvelle étable, un immense espace géré par des robots. Le programme informatique permet de tout contrôler; l’ouverture des immenses portes, l’éclairage, la température, l’humidité et bien sûr, la traite. Les vaches ont mis plusieurs semaines à en comprendre le fonctionnement, une période éprouvante pour les éleveurs. D’abord, les vaches ne vont plus manger dans les champs mais elles ne sont plus attachées dans l’étable et peuvent se promener à leur guise et manger à n’importe quel râtelier.
Une espèce de robot R2D2 s’occupe de mettre le fourrage à leur disposition et va se rebrancher lui-même, au besoin. Un autre système nettoie le sol constamment pour évacuer le fumier. Les vaches l’entendent venir et dressent l’oreille ; elles se tournent pour l’enjamber et se remettent à manger tranquillement. En plus, pour un maximum de confort, elles peuvent aller se faire masser sous de grosses brosses rotatives mises à leur disposition.
Quand la pression du lait se fait sentir, et la faim, elles se rendent au robot de traite, qui lit le code d’identification accroché à leur cou et leur donne leur portion de concentrés protéiniques. Le robot nettoie les trayons et s’adapte à chacun avec un rayon laser. Chaque vache est pesée, analysée, de même que son lait. Si le lait n’est pas conforme, il est évacué. Le robot détecte le meilleur moment pour l’insémination et va alerter l’éleveur si une vache présente des problèmes de santé. Le rendement et la régie du troupeau sont grandement améliorés. En fait, le robot fait presque tout mais il ne remplace pas la présence humaine rassurante, les enfants qui caressent et donnent des noms affectueux. Il y en a même une qui porte mon prénom maintenant.
Sources: Whissell, 2005, “Biologie, chasse et aménagement du dindon sauvage au Québec » Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs
Le Monde Forestier, 7 avril 2014, « L’étonnante expansion du dindon sauvage » Wikipedia