Des vestiges de la période glaciaire à Cantley

Margaret Phillips, L’Écho de Cantley, avril 2019

C’est en 1976 que le géologue David Sharpe a remarqué la carrière de Cantley pour la première fois, en passant devant en voiture avec des amis. Il n’avait jamais vu d’aussi belles parois lisses et ondulées lors de ses explorations dans d’autres lieux géologiques internationaux. Ensuite, en 1983, on lui a parlé d’une idée révolutionnaire qui l’a aidé à comprendre la formation unique des rochers sculptés de Cantley. Depuis, il a publié des articles scientifiques au sujet de notre carrière et il l’a visitée avec des groupes de passionnés, des étudiants, des artistes, des journalistes et des scientifiques venus de partout dans la monde.

La carrière de Cantley (aussi surnommée le « pit »), a été découverte en 1954. Elle était cachée, enfouie sous une colline de gravier et de terre et du pâturage de la ferme McClelland. En 1934, Hubert McClelland père a vendu quatre acres de la colline à Harry Hailey, un homme d’Ottawa qui avait besoin de ce gravier de haute qualité pour fabriquer des blocs de béton. En 1954, Trevellyn McClelland a vendu le reste de la colline de gravier à J.P. Chenier Co. Ltd., qui a aussi fait l’acquisition de la colline de Hailey. Plus tard, M. Pageau a obtenu de M. Chenier les droits d’exploitation minière dans la carrière de Cantley et dans les deux propriétés des McClelland au sud. De 1954 à 1970, quatre ou cinq camions quittaient la carrière chaque jour pour transporter du gravier vers Hull pour la fabrication de ciment, entre autres. Avec le temps, les rochers sculptés de la carrière ont été mis au jour.

Ces rochers ont été sculptés en partie par des glaciers, mais surtout par l’eau de fonte glaciaire s’échappant à grands remous du dessous de la nappe glaciaire. Les glaciers, dont la base était formée de sédiments, ont eu l’effet d’un papier sablé sur les rochers. D’autres surfaces arborent des creux lisses qui ne semblent pas avoir été formés par frottement. Les douces ondulations qui découpent ces surfaces n’arborent pas de stries glaciaires ou de marques de frottement. Il s’agit d’un phénomène unique : elles sont  le fruit de l’érosion produite par les turbulents remous de l’eau de fonte glaciaire… ce qui rend ces rochers très intéressants pour les géologues!

Les flots ont laissé au-dessus de la surface érodée une crête de sable et de gravier, aussi appelée « esker », pendant que l’eau de fonte glaciaire voyageait sous le glacier.

À côté de l’esker se trouve le « Killpot » (nommé ainsi il y a longtemps par les gens du coin), ou la marmite en français, qui a été formée quand un énorme bloc de glace a creusé un trou dont l’eau de fonte ne pouvait pas s’échapper. Au fil du temps, la marmite s’est remplie de mousse, de terre et de mélèzes, un mélange unique à Cantley. Hubert McClelland se souvient de s’être aventuré au bord de la marmite, quand il était enfant, et d’avoir calé jusqu’à la taille. Par chance, il a pu se sortir de là. Le « killpot » porte peut-être bien son nom!

En 1991, des citoyens et des propriétaires terriens ont proposé d’aménager un parc sur le thème de la découverte géologique. À leur avis, le patrimoine géologique de la carrière devait être protégé et servir à l’éducation, au tourisme et aux loisirs. Le Ottawa Citizen a publié comme grand titre : « Ancient secrets just aren’t safe here in Cantley » (les secrets anciens ne sont pas en sûreté à Cantley).

Le 28 avril, M. Sharpe guidera un groupe de marcheurs curieux dans la carrière de Cantley pour leur expliquer pourquoi les rochers sculptés de Cantley sont si importants. Il leur révélera également de nouvelles découvertes qui ont été faites depuis notre dernière visite en 2013.

Pour obtenir plus de détails et un lien vers la vidéo « Cantley Québec – Monument of the Ice Age », veuillez consulter le www.cantley.ca.