Maryse Lessard, Ensemble pour bâtir, Évain, avril 2019
Quel hiver ! Eh oui, froid et neige se sont associés cette année pour bien nous faire sentir que nous ne sommes pas sous les tropiques. Sans compter ces écarts de température parfois assez surprenants. Mais qu’en est-il de la faune ailée durant notre hiver abitibien ?
Sur les 250 espèces que l’on peut observer en Abitibi, plus de 170 partent vers d’autres cieux plus cléments à l’automne. Les autres demeurent avec nous, et ce, sans tuque ni foulard. Soyez sans crainte, ils sont pleins de ressources et bien préparés à affronter nos froids glacials.
Mais quelles stratégies adoptent-ils pour lutter contre les contraintes hivernales, telles que le froid, les jours plus courts, la nourriture moins abondante, le manque d’insectes ? Premièrement, l’alimentation est leur premier carburant qu’ils transforment en énergie.
Plus la température descend, plus ils doivent manger. C’est là que nos graines de tournesol et le gras suspendu à nos mangeoires leur sont utiles. On le voit bien, les petites mésanges, à -30 Celsius, font le va-et-vient sans arrêt aux mangeoires.
Certains futés ont même pensé à cacher de la nourriture, comme les sittelles, les pics et les geais qui vont dissimuler de la nourriture sous des écorces d’arbres ou dans des trous sur les arbres en début d’automne ou par temps plus clément. Se font-ils voler leur nourriture, oublient-ils où ils ont déposé leur butin ? Je n’en sais rien…
J’ai lu que le geai bleu peut s’empiffrer d’arachides avant de les transporter vers sa cachette pour maximiser sa dépense d’énergie.
Une autre stratégie ressemble un peu à ce que l’être humain utilise quand il a froid, « le frisson » qui active nos muscles sous la peau pour produire de la chaleur. Les oiseaux de toutes tailles utilisent donc ce mécanisme quand ils sont immobiles sur une branche. Certains oiseaux (mésanges noires ou brunes, corneilles, moineaux, sizerin…) sont plus grégaires, donc ils aiment se regrouper surtout l’hiver pour accumuler ensemble leur chaleur corporelle et se garder plus au chaud.
De plus, à l’automne, une production plus abondante de duvet s’est créée, offrant un nouveau manteau de plumes donnant une meilleure protection pour les froids d’hiver. Par temps glacial, ils peuvent ébouriffer leurs plumes faisant entrer de l’air dans leur plumage donnant ainsi un isolant très efficace.
Des recherches ont démontré que certains oiseaux comme les mésanges peuvent réduire leur chaleur corporelle de plusieurs degrés durant la nuit en imitant le phénomène d’hibernation.
L’hiver, les oiseaux ont besoin de beaucoup d’énergie pour combattre le froid; en les nourrissant, vous pouvez contribuer à augmenter leur taux de survie.
Plusieurs observateurs de la région ont eu à leurs mangeoires quelques hivernants non habituels, qui ne sont pas partis à l’automne. Un moqueur roux a été observé à Évain se nourrissant sur un bloc de gras et se cachant dans les conifères autour. D’autres ont observé un quiscale bronzé, un bruant à gorge blanche, un bruant à couronne blanche, un cardinal rouge, un junco ardoisé, de même qu’un merle d’Amérique et des bernaches.
ll serait intéressant de pouvoir les interviewer, pour connaître comment s’est passée la saison hivernale pour eux. Mais avec le fait qu’ils sont encore aux mangeoires, disons que le pire est passé.
C’est déjà le temps de penser à nos migrateurs qui arriveront sous peu. Espérons que l’hiver ne s’attardera pas trop…