«La féminité en trois temps»

Lyne Boulet, Le Sentier, Saint-Hippolyte, mars 2019

Trois femmes qui, à travers leurs œuvres, expriment leur vision de la féminité. Mais aussi trois femmes hippolytoises qui, à travers leurs actions, ont exprimé leur engagement dans la communauté.

L’exposition Le féminité en trois temps, présentée dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque en cette année du 150e anniversaire de la municipalité met en lumière trois femmes d’ici : Jocelyne Annereau Cassagnol, Lise Monette et Julie Brazeau.

 

Jocelyne Annereau Cassagnol

Jocelyne Annereau Cassagnol. Photo : Michel Bois

Cette femme aux multiples talents a dirigé l’école des Hauteurs de 1989 à 1994. « C’est une directrice qui avait une vision de l’éducation qui passait par les arts », indique une amie et ex-collègue de l’école. Sous son règne, l’art y est entré par la grande porte. Elle a été l’instigatrice, la directrice de projets et l’animatrice d’ateliers d’initiation aux grands peintres et de sessions de formation auprès des élèves sur les techniques de peinture naïve, impressionniste et inuite. Elle s’est aussi investie dans l’organisation des expositions présentées au Centre culturel de 2005 à 2010, de la sélection des artistes-exposants à la présentation publique de leurs profils lors des vernissages. Son talent de communicatrice, autant par la parole que par la plume, l’a amenée également à écrire des portraits d’artistes pour Le Sentier durant cette période. Elle a publié sur de nombreux autres sujets et elle reste, à ce jour, une précieuse collaboratrice du journal communautaire. Son expertise reconnue en art lui a valu d’être membre du jury à Montagn’Art.

Parallèlement à son engagement, elle a peint pendant près de quinze ans avant de s’initier à la gravure qu’elle pratique depuis lors à l’Atelier de l’Île de Val-David. Le thème de l’exposition étant la féminité, elle a choisi de présenter des gravures de femmes en situation : la femme face à la présence masculine et les relations de rapprochement ou d’éloignement qui en découlent; la femme dans une caverne au néolithique aussi bien que la femme qui donne naissance aujourd’hui. Ce qui l’a d’ailleurs amenée à se reconnecter à sa propre enfance : elle a gravé les croquis des disques qu’elle dessinait à répétition dans ses cahiers lorsque, petite, elle fréquentait l’école. Certains de ses monotypes et eaux-fortes esquissent et suggèrent. Alors que d’autres affirment sans provocation, avec sensibilité et humanité.

 

Lise Monette

Lise Monette. Photo : Michel Bois

Lise Monette a brièvement croisé Jocelyne Cassagnol à l’école des Hauteurs. Elle a été institutrice de 1994 à 2002. Une autre femme à qui la pédagogie tient à cœur! Elle a dû quitter son poste pour des raisons de santé, mais elle n’a pas baissé les bras. Elle y est revenue pour enseigner des techniques de broderie aux enfants dans le cadre d’un partenariat entre l’école des Hauteurs et les Fermières. Lise Monette est membre du Cercle de Fermières de Saint-Hippolyte depuis près de dix-huit ans. Elle en a assumé la présidence pendant six ans. Elle a été l’instigatrice du projet Chaudoudou (doudous et sacs de transport pour les enfants placés en familles d’accueil). Elle donne toujours des ateliers de broderie les jeudis après-midis. Elle partage aussi ses connaissances avec une apprentie dentellière afin d’assurer la relève locale de cet art textile. Pour elle, transmettre n’est pas seulement une question de techniques à enseigner. C’est aussi partager l’origine et l’histoire de ces arts dont la survie a souvent été menacée au cours des siècles.

Lise Monette a toujours travaillé de ses mains. Pendant longtemps, elle a pratiqué le tissage. Sa maladie l’ayant obligée à interrompre le maniement du métier, trop exigeant physiquement, elle a suivi un cours de broderie Richelieu. Et elle a eu la « piqûre »! Après la broderie en 2002, la dentelle a suivi en 2004. Devenue membre de l’Association des brodeuses et dentellières de Saint-Eustache, sa passion n’a cessé de croître depuis. « Dans cette exposition, je représente le point de vue féminin par la finesse de mes broderies et de mes dentelles », indique-t-elle. Ses pièces sont raffinées, délicates et légères, mais aussi précises et bien ficelées. Elle reconnaît l’importance de la transmission du savoir ancestral, mais son approche n’est pas que traditionaliste. Elle aborde aussi les arts textiles de façon plus moderne. Elle marie dentelle et broderie. Elle intègre de la couleur dans ses dentelles. Elle crée des bijoux.

Julie Brazeau

Julie Brazeau. Photo : Michel Bois

Julie Brazeau a elle aussi fréquenté l’école des Hauteurs où elle a enseigné le collimage (scrapbooking), une activité parascolaire offerte aux enfants de six et sept ans. Elle a également été bénévole à la bibliothèque durant quelques années. Elle participera le 14 avril à la troisième édition d’Une pose pour la rose. Dans le cadre de cet événement, des photographes réalisent le plus grand nombre possible de portraits de femmes en une journée. Les fonds recueillis sont voués à la lutte contre le cancer du sein.

Julie Brazeau est photographe portraitiste depuis sept ans. Elle travaille dans son studio, chez elle au lac Bleu, ou en déplacement, selon la demande de la clientèle. Dans sa démarche artistique, ce sont souvent les gens qu’elle croise qui l’inspirent. « Le thème de la féminité tombait bien puisque j’essaie de créer des choses différentes », mentionne-t-elle. Les photographies exposées mettent en scène la fertilité, la maternité et la créativité. Elles racontent la beauté de femmes. L’artiste a souhaité que cette beauté s’exprime autant dans l’innocence que dans la séduction, autant dans la légèreté que dans la puissance. Elle présente des femmes expressives, fortes de leur singularité.

 

Femmes dévoilées

L’exposition La féminité en trois temps propose la douceur, la générosité et la profondeur du regard intérieur de ces trois femmes. Elles portent leurs actions et leur art, bien inscrits dans leur rapport à l’enfant. L’expo est présen­tée jusqu’au 7 mai.