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L’acériculture: les origines d’une industrie

James Allen, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, avril 2019

Le retour du printemps signifie celui de la saison des sucres pour de nombreux producteurs agricoles. Chaudière-Appalaches est évidemment la principale région acéricole du Québec, avec le tiers de la production. Seulement dans la MRC de Bellechasse, un peu plus de 350 acériculteurs se partagent des revenus dépassant les 12,3 M$ par année. À Saint- Anselme seulement, on compte 33 acériculteurs.

L’acériculture a grandement évolué avec les années. Traditionnellement, la récolte des sucres constituait pour le cultivateur d’autrefois le premier revenu de l’année, lui permettant d’ensuite faire l’achat de ses semences et autres intrants pour la saison qui s’amorçait.

Dans un contexte d’agriculture de subsistance, les revenus provenant de la vente de sucre et de sirop d’érable étaient fort attendus. Certains acheteurs pouvaient alors en profiter pour berner certains producteurs, en leur offrant un prix bien inférieur à ce qui aurait pu être équitable.

C’est dans ce contexte que les producteurs acéricoles se sont organisés. D’abord, en 1966, ils ont fondé la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, devenue récemment les Producteurs et productrices acéricoles du Québec. En 1990, 84% des acériculteurs votaient en faveur d’un plan conjoint: c’est alors le début officiel d’une ère de prospérité pour notre sirop d’érable.

En effet, depuis ce moment, les producteurs acéricoles décident tous ensemble les orientations de leur production. Ils négocient d’une même voix leurs prix auprès des acheteurs, s’entendent sur les normes de qualité à respecter, se regroupent pour faire une promotion globale de leurs produits, etc.

Et ce fut le début d’un boom incomparable: en effet, la production acéricole est celle qui a connu la plus forte croissance ces dernières décennies. La production provinciale annuelle dépasse désormais les 100 millions de livres de sirop d’érable. Notre sirop est exporté dans divers pays, dont les États-Unis, un peu partout en Europe, et aussi loin qu’au Japon et en Inde.

Bien que mieux organisé collectivement, chaque producteur demeure un entrepreneur qui doit prendre des décisions et des risques. Depuis que la science et le génie sont entrés dans les érablières, tout a grandement évolué: les équipements et les techniques de production ainsi que l’entretien du boisé comportent de nombreux paramètres qui entrent en ligne de compte dans le calcul pour améliorer la productivité d’une entreprise acéricole.

On parle justement aujourd’hui d’entreprises acéricoles. Il est bien loin le temps de nos aïeux sucriers. Bien que l’acériculture représente encore un revenu d’appoint pour de nombreux agriculteurs, il faut savoir qu’elle est devenue le revenu principal pour un nombre toujours croissant de producteurs.

Avant l’établissement de la mise en marché collective en acériculture, aucun agriculteur n’aurait pris le risque de tout miser dans l’acériculture. Ce qui était une production artisanale autrefois est maintenant devenu un fleuron dont le Québec peut être fier, tout cela grâce à des producteurs agricoles qui ont choisi la solidarité.