Francine Bordeleau, Droit de parole, Québec, le 6 février 2019
Après une série de « oh ! » et de « bah ! », le Carnaval de Labeaumeville connaîtra-t-il, pour son 65e anniversaire, le « wow ! » promis par Daniel Gélinas, ex-directeur général du Festival d’été de Québec ?
Artisan de la relance du FEQ au début des années 2 000 et du succès des Fêtes du 400e de Québec en 2008, Daniel Gélinas a été appelé à la rescousse du Carnaval fin 2017 pour une opération modernisation.
L’édition 2019, qui se déroule du 8 au 17 février, se voit ainsi amputée de sept jours par rapport aux dix dernières années. Dans la foulée, exit le défilé de la basse-ville, le concours de sculptures sur glace et les duchesses. Les ravissantes vestales du sympathique et rondouillet Bonhomme avaient disparu en 1996, puis ont été ressuscitées en 2014. En parallèle est née, en 2010, la Revengeance des duchesses, qui se veut la version féministe d’un symbole décrié pour son sexisme bien avant 1996.
Autre nouveauté notable : le virage « quartier » que semble vouloir prendre le Carnaval. Les activités carnavalesques essaiment donc dans Saint-Sauveur avec Le Caribou, cabaret éphémère, et L’international de pétanque; dans le Vieux-Limoilou, place Limouloise; dans Saint-Jean-Baptiste, avec entre autres un Bal des glaces présenté au Drague; rues Cartier et Maguire; et cætera.
Nombre de ces événements locaux sont issus d’une collaboration entre divers «partenaires » publics et privés, comme Hydro-Québec et les sociétés de développement commercial (SDC). Il en est de même pour ce qui est des « grands rendez-vous », comme les appelle l’organisation du Carnaval : la « Cour royale Loto- Québec », place George-V, désigne le fief de Bonhomme, tandis que le « Camp à Jos Vidéotron » s’installe au parc de la Francophonie. Par ailleurs, certaines stations du défilé bénéficient de commanditaires publics ou privés.
Déculturation
Que serait un carnaval sans Mardi gras, veille du Mercredi des Cendres qui, lui, marque le début du Carême, le Carême étant la période de quarante jours précédant Pâques ? Le Mardi gras est le point culminant du très célèbre carnaval de La Nouvelle-Orléans, et dans la ville du tramway nommé Desire, il a lieu cette année le 5 mars puisque Pâques tombe le 21 avril. Mais il est vrai que chez nous, les références religieuses… À Labeaumeville, sous le signe de Bonhomme, dans le contexte du Carnaval, le Mardi gras est célébré cette année le 12 février, une gracieuseté du bistro-bar L’Atelier sis Grande-Allée. Et c’est ainsi qu’en 2019, le Carnaval fait son entrée dans le 21e siècle, pour paraphraser Daniel Gélinas, et affiche sans complexes son véritable sens : celui des affaires.