Sylvie Gourde, Tour des ponts, Saint-Anselme
La rumeur est comme un sac de plumes.Une fois le contenu dispersé au grand vent, il devient impossible de le rapatrier dans son entièreté. Des «plumes» s’immiscent, ici et là, dans la fêlure sociale et causent des dommages collatéraux tout aussi irréversibles.
Avec l’avènement des médias sociaux tels que Facebook, nous assistons à une diffusion exponentielle de l’information à un vaste public. Ils donnent des possibilités d’expression à faible coût et de grandes envergures à de larges pans de la population. Les médias
sociaux jouent un rôle émancipateur et favorisent un militantisme mobilisateur porté principalement par l’émotion. Ils encouragent une réponse rapide aux divers commentaires des internautes.
Terreaux fertiles pour la propagation des nouvelles, les médias sociaux véhiculent également des histoires inventées de toutes pièces, désignent sans scrupules de faux coupables, génèrent une surabondance de commentaires qui s’avèrent des coups de gueule aux dépens de la véritable analyse. Certains ont une opinion sur tout et une réflexion sur rien. On assiste alors à des jugements expéditifs qui deviennent de véritables lynchages. Une fausse nouvelle, c’est un peu comme une fausse rumeur, mais à plus grande échelle…
Comme la majorité des gens s’informent désormais via les médias sociaux, le risque de partager une fausse nouvelle augmente considérablement et peut entraîner un impact démocratique important. «Il faut vingt ans pour construire une réputation et cinq minutes pour la détruire. Si vous gardez ça à l’esprit, vous vous comporterez différemment» a déclaré Warren Buffet, homme d’affaires.
En février dernier, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) lançait un programme visant à sensibiliser les étudiants du 2e cycle du secondaire au phénomène des fausses nouvelles. Cet atelier vise à développer les réflexes des élèves afin qu’ils puissent repérer les fausses nouvelles et mesurer leur impact sur la société et dans leur vie. L’objectif est de les aider à développer leur sens critique, notamment quand ils fréquentent les réseaux sociaux puisqu’il s’agit souvent de leur principale source d’information.
Comment lutter contre la désinformation? L’information doit être vérifiée et vérifiable. Il importe de prendre 30 secondes pour lire, vérifier la source, réveiller son esprit critique et comprendre le but du message. Les paroles s’envolent. Les écrits restent…
En attendant que le projet #30secondes avant d’y croire devienne un cours 101 sur l’analyse des nouvelles, il y lieu de porter une attention particulière sur la nétiquette. Dans son livre Manuel de survie à l’ère des médias sociaux, l’auteur Pierre-Luc Poulin y va d’une série de recommandations. Parmi celles-ci, apparaît au tout début de la liste: «Ne publiez rien sous l’influence de drogue ou d’alcool». Si on en juge par le nombre de vomissures étalées sur les médias sociaux, on serait porté à croire que plusieurs internautes ne sont pas dans leur état normal lorsqu’ils rédigent leurs propos disgracieux. Bienséance et bienveillance s’avèrent de mise même dans le cyberespace.