Valérie Marcoux, La Quête, Québec
« Le milieu communautaire québécois a un urgent besoin de financement. Les organismes demandent 475 millions de dollars pour répondre aux minimums des demandes qui lui sont adressées. Les besoins n’ont jamais été aussi criants », raconte Raphaël Létourneau.
« Les coupures dans le réseau public augmentent la pression sur les organismes communautaires », explique le responsable des communications de ROC 03. Selon lui, cela coûte moins cher au gouvernement de laisser le communautaire offrir certains services. Entre autres, parce que le salaire des intervenants (quand ils ne sont pas bénévoles) n’est pas soumis aux mêmes standards que dans la fonction publique.
« 475 millions de dollars peuvent sembler beaucoup, mais nous serions 4 000 organismes communautaires à nous diviser cette somme », plaide Raphaël Létourneau. De plus, il rappelle que la compagnie Bombardier a reçu à elle seule un financement de 1,5 milliard de dollars de la part du gouvernement québécois.
ROC 03 regroupe 120 organismes communautaires du secteur 03 de la ville comprenant les régions administratives de Portneuf, Québec et Charlevoix. La majorité de ces organismes œuvrent dans le domaine de la santé et des services sociaux. Le rôle de ROC 03 est de représenter et d’aider de manières diverses ces organismes dans la réalisation de leurs missions. En ce moment, ROC 03 mène la campagne « Engagez-vous pour le communautaire!».
ROC 03 plaide pour un meilleur financement du milieu communautaire et pour l’autonomie de ce milieu. Le financement qui était habituellement accordé selon la mission de l’organisme se modifie depuis un moment déjà au profit du financement par projet. Ce financement est jugé moins stable par les organismes qui doivent alors mobiliser plus de ressources administratives pour toucher un financement régulier. Elles doivent entre autres prouver comment chaque projet répond aux critères formulés par le gouvernement afin de toucher l’argent prévu à cet effet. Le financement par projet diminuerait la liberté d’action des organismes communautaires. Selon Raphaël Létourneau, les organismes communautaires sont les mieux placées pour connaître les besoins de leur clientèle composée essentiellement des personnes les plus vulnérables de la population. En effet, les personnes se tournant vers les services des organismes communautaires n’ont souvent pas réussi à trouver les ressources dont elles avaient besoin auprès du gouvernement et n’ont pas les moyens de se tourner vers le privé. ROC 03 pense ainsi que le gouvernement ferait fausse route en retirant aux organismes la liberté de repérer et d’établir les besoins du terrain.
Découvrir la force de la collectivité
À travers son parcours dans le milieu communautaire, Raphaël Létourneau a pris conscience de la force de la collectivité. D’ailleurs, le milieu communautaire est majoritairement formé de personnes ayant eu des contacts préalables avec celui-ci. « On connaît tous, de près ou de loin, un organisme communautaire », avance le représentant de ROC 03. Il est convaincu du rôle central du communautaire dans la société et c’est pourquoi il lui semble urgent de préserver l’autonomie et le financement de ce milieu.
Selon Raphaël Létourneau, si le gouvernement refuse la somme de 475 millions demandée par le milieu communautaire et veut plus d’encadrement du financement qui leur est alloué, c’est que tous ne sont pas convaincus de l’efficacité du milieu communautaire, ou méconnaissent son importance dans la société démocratique. Pour lui, le milieu communautaire offre des « lieux ouverts qui rendent la vie démocratique accessible ». C’est aussi un milieu très humain où « la fin ne justifie pas les moyens; la manière d’atteindre l’objectif est aussi importante que le résultat ».