La presse écrite a besoin d’un soutien

Veronica Zenteno, La Gazette de la Mauricie, Mauricie

La presse écrite vit actuellement la plus grande crise de son histoire. Depuis 2009, au Québec, environ 43 % des emplois reliés au secteur ont disparu. Dans l’ensemble du Canada, 27 quotidiens et 275 hebdomadaires ont fermé leurs portes, hécatombe à laquelle vont prochainement s’ajouter une trentaine de quotidiens et quelques hebdos de plus.

Cette crise découle principalement de l’essor fulgurant des grandes plateformes numériques, telles que Google et Facebook, qui accaparent presque tous les revenus publicitaires. Ces revenus échappent donc à nos quotidiens et hebdomadaires, bien qu’ils aient tous une présence importante en ligne et qu’ils soient plus lus que jamais grâce au Web.

Étant donné que le droit à l’information fait partie des droits inscrits dans les chartes canadienne et québécoise, ainsi que dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, il m’apparaît fondamental que les gouvernements accordent une aide financière aux médias écrits pour assurer leur survie. Alors que le phénomène des fausses nouvelles ne cesse de prendre de l’ampleur, particulièrement sur les médias sociaux, le journalisme professionnel est un outil indispensable pour assurer le maintien de la santé de la démocratie. C’est lui qui permet à tous les protagonistes du débat public de se faire entendre et aux citoyens d’être informés et éclairés.

Dans un registre plus personnel, je me souviens que, dès mon très jeune âge, je me dépêchais le dimanche matin pour prendre le journal, car j’avais hâte de lire les bandes dessinées. C’était parfois la course pour décider qui de mon frère ou moi allait être le premier à lire Mafalda, Denis la petite peste ou Mr Drake.

Au fur et à mesure que les années se sont écoulées, c’est ensuite dans les journaux que j’ai trouvé des réponses à certaines questions que je me posais comme jeune adulte. Pendant plusieurs années, nous recevions à la maison, en semaine, un journal mexicain nommé Excelsior et, les dimanches, un journal espagnol nommé El País. Il s’agissait d’une fenêtre ouverte sur le monde pour moi. C’est dans les pages de ce dernier journal que j’ai pu découvrir et connaitre mon pays natal, l’Espagne. Même si je ne l’ai jamais visitée, je connais un peu ses habitants, sa culture et sa géographie grâce à la presse écrite.

Les médias écrits conventionnels sont essentiels pour la santé de toute démocratie, car c’est grâce à ceux-ci que l’on peut susciter les débats et échanger des idées. C’est pourquoi, à titre de protecteur des institutions démocratiques, il incombe au gouvernement d’accorder aux médias écrits l’aide financière nécessaire pour assurer leur survie.