Gustaaf Schoovaerts, l’Écho de Cantley, Cantley
Le 25 octobre dernier (2017), j’ai célébré le 50 ème anniversaire de mon arrivée à Alma, Lac-St-Jean (Québec, Canada). Le premier sentiment qui m’est venu est une immense gratitude. Je dois des remerciements à toutes ces personnes qui nous ont accueillis à un moment pénible de notre vie : une réorientation dans mon existence. Mon immigration m’a permis de réussir ma vie familiale, professionnelle et sociale, naturellement parsemée d’inévitables impondérables.
J’ai jugé que c’était le temps d’une évaluation de ce séjour de 50 ans. Mon intégration est-elle réussie : mon statut de Québécois (Canadien), mon identité comme immigrant allophone? Je me permets quelques considérations. Une première tentative en ce sens a été enregistrée par Peter Verlinden. Lors de notre rencontre à Cantley le 2 juillet 1999, ce dernier était le directeur de la rédaction des nouvelles à la télévision fl amande. Il a publié un rapport de voyage intitulé : Québec (Leuven, Davidsfonds / Leuven, 1999, 260 p.). Ce livre traite du mode de vie des immigrants fl amands au Québec. Au chapitre quatre intitulé Flamand, Québécois, Canadien, il relate une partie de notre conversation. Je traduis librement et d’une façon interprétative quelques lignes : Gustaaf Schoovaerts parti de son village Keerbergen comme Flamand engagé, développé comme Québécois convaincu. Il s’est engagé, après plus de trente ans de carrière dans l’enseignement, à une exploration de son identité.
À la fin de notre long entretien, il répond à notrquestion : comment il voit la relation entre le Canada et le Québec? Dernièrement, ma fi lle aînée me lance : Papa, si tu n’es pas pour le Québec, tu as laissé tomber les Flandres. Comment? lui ai-je demandé. Ce n’est pas une question de langue, mais de culture (en français dans le texte) […]. Nous ne pouvons pas permettre que la culture du Québec soit exterminée. J’ai été extrémiste pour les Flandres et pour le Québec. Mais, après tant d’années, beaucoup de choses ont changé, telles que les différentescultures et religions. On le voit bien à Montréal. Il y a la minorité visible : des Noirs, des Asiatiques, des Latinos, des Européens du sud, des Arabes […] Et si j’ouvre la bouche, j’appartiens à la minorité audible. […] Et je n’ai pas encore parlé des Indiens et des Inuits qui sont oubliés, et c’était pourtant leur pays.
Terminons l’extrait à cet endroit. Ces derniers temps, quelques lectures et événements m’ont laissé perplexe. Cette situation m’a incité à réévaluer mon identité. Mais ce qui ne changera pas : c’est ma reconnaissance envers tous ces gens qui nous ont reçus dans cette terre d’accueil.