Isabelle Noël, La Quête, Québec
Le hygge est un art de vivre qui permet aux Danois de garder le moral durant les longs mois d’hiver. Bien qu’il n’y ait pas de mot équivalent en français, il évoque un mélange de confort, de bien-être et de convivialité. L’idée est de s’injecter une dose quotidienne de petits bonheurs; un concept maintes fois répété de notre côté de l’Atlantique. Pourtant, la différence réside dans le fait qu’au Danemark, on en fait un rituel régulier, une priorité.
Même si on en entend de plus en plus parler dans le monde, ce mode de vie paresseux, lent et à contre-courant n’est surtout pas une nouvelle tendance : le hygge est inscrit dans l’ADN des Danois au même titre que le sirop d’érable l’est ici. Et selon les mesures du World Happiness Report, publié par l’ONU en 2016, les Danois sont considérés comme le peuple le plus heureux du monde, malgré les hivers froids et rigoureux et un ensoleillement qui parfois ne dure pas plus de six heures.
Lenteur de vivre
Meik Wiking, auteur du livre « Hygge, mieux vivre : la méthode danoise », croit que le secret réside en partie dans ce style de vie. Et Wiking en connaît un rayon sur le sujet : il est président de l’Institut de recherche sur le bonheur de Copenhague (oui, ça existe!). Il explique que cet état d’esprit est bien plus qu’une philosophie nationale. Le hygge s’ouvre à tous pour rendre le quotidien plus beau, ralentir le rythme et profiter de chaque moment. « C’est une longue période pendant laquelle nous passons la majorité du temps chez nous, en famille ou avec des amis que l’on invite, d’où l’importance de la décoration pour les Danois, mais aussi des notions de partage et de solidarité », relate-t-il dans son livre.
Le hygge pique votre curiosité? Voici cinq principes clés pour vivre à la danoise cet hiver.
Cultivez les bonheurs simples
Un bon café fumant dont on savoure chaque gorgée, une pâtisserie mangée sans culpabilité, une ballade au parc sous la neige… tout à fait hygge! Rien d’excessif, rien de contraignant : les Danois ne croient pas qu’un changement de diète, d’amoureux, ou de garde-robe à tout bout de champ rend heureux. Il suffit d’être bienveillant envers soi et les autres, simplement.
Vive les jours gris
Au Québec, on aime bien pester contre l’hiver. Les tempêtes, le verglas, le frette : le mauvais temps est une source de frustration sans fin. Pourquoi ne pas se reprogrammer autrement? Il fait froid? Profitons-en pour préparer un bon repas avec ses proches. On annonce 30 cm de neige? La pelle peut attendre, un bon roman s’impose.
Aliments réconfortants
Avec le hygge, il faut privilégier les repas cuisinés à la maison, avec des ingrédients que votre grand-mère reconnaîtrait. La restauration rapide, de même que les régimes stricts sont à bannir. Faites-vous plaisir et cuisinez un gâteau que vous dégusterez ensuite.
Un havre de paix à la maison
Les chaumières danoises sont de petits paradis du « cocooning ». Bois et autres matières naturelles côtoient de grosses couvertures de laine, des tapis moelleux et des coussins confortables. L’idée est de ressentir instantanément un sentiment de bien-être en rentrant chez soi. Et qui dit hygge dit éclairage. Selon le livre de M. Wiking, les Danois sont obsédés par la lumière : bougies, feux de foyer et lampes tamisées procurent une lumière diffuse qui met tout le monde à l’aise. D’ailleurs, le Danemark figure parmi les plus grands consommateurs de bougies d’Europe (6 kilos de cire par an, par habitant) et les plus grands adeptes de feux de foyer (un habitant sur trois habite une maison dotée d’une cheminée!), selon le livre sur le hygge.
S’entourer de son monde
Historiquement, les Vikings avaient besoin de leur famille et amis s’ils voulaient survivre. Passer du temps avec « sa tribu » est donc primordial au Danemark. Ce n’est pas ce qu’on mange ou le prix de la bouteille de vin qui est important, mais le bonheur d’être ensemble, voilà tout. Et surtout, on dit aux autres ce qu’on ressent pour eux!
Pour les Danois, il n’est pas nécessaire de transformer sa vie pour accéder au bonheur, il suffit de l’adoucir et de la ralentir. Les peines et les épreuves font certes partie du quotidien, mais se faire plaisir avec les moyens que l’on a, et surtout en être reconnaissant, leur permet de garder l’équilibre.