Mon combat locatif

FRANCK LAMBERT, L’Itinéraire, Montréal

J’ai toujours eu des logements depuis que je suis parti de chez mes parents. Certes, j’ai eu de courtes périodes « dans la rue ». Et c’était pour une période d’à peine un mois à chaque fois, le temps de retrouver un nouveau logis. J’habite actuellement dans mon appartement depuis novembre 2012. Je réussis donc, malgré mes modestes revenus, à payer régulièrement mon loyer. C’est quand même une réussite dans les circonstances. Je me sens assez discipliné et responsable. Il faut aussi dire que le coût de mon loyer est raisonnable dans la situation actuelle à Montréal. Le chauffage et l’électricité sont inclus. Mais il y a eu un hic dans mon histoire : c’est l’arrivée d’un nouveau propriétaire en 2016. Au début, je voyais d’un bon oeil son arrivée. Mais j’ai vite déchanté quand j’ai constaté que certains faits se produisaient. Je m’explique.
Le nouveau propriétaire est donc arrivé en janvier 2016. Il a commencé rapidement des rénovations. J’applaudissais en croyant qu’un propriétaire s’occupait enfin de son immeuble. Il paraissait bien physiquement, semblait dynamique et parlait avec volubilité. Il avait, en somme, des apparences de quelqu’un de « correct ». Et je pèse bien mes mots. Avec le temps qui passait, j’ai réalisé la nature réelle du propriétaire et je commençais à me méfier des apparences trompeuses.
Par exemple, je constatais qu’on entrait dans mon logement sans que je sois là, sans m’en aviser et sans raison valable. Quand je demandais d’effectuer certaines réparations dans mon logement, on les retardait toujours. Il paraissait bien en refaisant l’extérieur de l’immeuble mais dans le fonds, il ne montrait pas l’exemple sur l’essentiel. Tout cela pour dire que je commençais à douter de lui. Je voyais bien qu’il tentait par différents moyens de mettre dehors les anciens locataires afin de louer plus cher. J’ai donc commencé des procédures devant la Régie du Logement.

Résiliation
J’ai alors rencontré une avocate à la mi-août 2016. Pour cela, j’avaispris des photos afin d’appuyer ma requête et j’avais aussi préparécertains documents. Le processus a débuté. Mon avocate m’a aviséque mon propriétaire avait déposé une demande directe à la Régiedurant l’été. Il demandait une résiliation de mon bail pour cause de malpropreté. Je n’étais au courant de rien et j’aurais pu perdre « par défaut ». On tentait en douce de m’expulser par surprise.

Mon avocate a donc envoyé une première mise en demeure à la fin août 2016. Je tentais d’être le plus transparent possible dans mes intentions. Je voyais très clairement le jeu du propriétaire. Je ne le croyais plus et que je ne lui faisais aucunement confiance. J’ai réussi à obtenir une rencontre avec un inspecteur municipal afin de donner du poids à mon dossier. L’inspecteur a contacté mon propriétaire la journée même de sa visite. Ce qui a poussé mon locateur à effectuer certaines réparations.
Je continuais ensuite à être attentif. Le propriétaire a envoyé un document à mon avocate durant l’automne 2016. Sans aller dans les détails, je pouvais donc utiliser ce même document contre lui-même. L’ensemble du texte me démontrait clairement ses intentions et me donnait des arguments. Au début de décembre, j’étais informé qu’il voulait laisser tomber sa demande en cas d’entente. Je me demandais alors si c’était pour lui éviter une audience à la Régie. Il pouvait perdre beaucoup. Surtout que j’avais une avocate dans le dossier. Un nouveau propriétaire est arrivé en février 2017. Celui avec qui je me battais avait vendu. Je comprenais un autre point : lors de sa proposition d’entente, le processus de vente était en cours. Il voulait régler le dossier avant la vente finale. J’ai donc accepté l’entente à rabais afin de me libérer de ce fardeau et ainsi, de continuer d’habiter le logement sans me casser la tête.

Entente à l’amiable
Je trouve cela enrageant de me débattre ainsi. Sous des belles apparences, on pouvait me jouer dans le dos. J’étais prêt à me battre jusqu’au bout afin de faire valoir mon droit. Je savais que je n’avais rien à perdre et tout à gagner. Et quand l’entente fut signée et conclue, il était clair que c’était une manière pour lui d’éviter de perdre des plumes. Je n’avais pas encore reçu de date d’audience à la Régie. Tout ce qui m’importait, c’est de me libérer d’une situation stressante. Je vais ainsi pouvoir respirer plus librement et me concentrer sur d’autres priorités. Et cela, en attendant d’obtenir un logement à prix modique. J’ai effectué une démarche pour obtenir un HLM durant tout le processus. J’attends une réponse en ce sens. J’espère pouvoir obtenir un logement subventionné adapté à ma réalité. On m’a téléphoné afin de rencontrer des personnes du comité de sélection de l’HLM. Je me croise les doigts afin que cela fonctionne pour obtenir un logement à prix modique et pouvoir avoir une meilleure marge de manoeuvre. Afin de mieux vivre, quoi !