Le musher Yan Shaw, sa femme Catherine Joly-Cardinal et leur fille Florence en compagnie de leurs chiens.

CHIENS DE TRAÎNEAU : Une passion familiale

ÉRIC CYR, Le Trait d’Union du Nord, Septembre 2017

Originaire de Cap-aux-Os, un village enclavé dans le parc Forillon près de Gaspé, Yan Shaw a renoué avec la passion des chiens de traîneau depuis son arrivée à Fermont il y a quelques années. Ce dernier a déjà eu un chenil auparavant alors qu’il résidait au Lac-Saint-Jean, mais bien qu’il s’occupe affectueusement de ses protégés, à l’époque, ses connaissances du monde de la compétition sont plutôt embryonnaires. Il envisage, cependant, un jour de s’y adonner sérieusement, un voeu qu’il a exaucé l’an passé alors qu’il a pris part à deux courses d’envergure internationale dans le Maine aux États-Unis, la Wilderness Sled Dog Race à Greenville et à la Can-Am Crown International à Fort Kent, en plus de participer au Défi Taïga à Fermont, expériences qu’il entend bien renouveler en famille encore cet hiver.

Ces rencontres avec des meneurs de chiens d’expérience comme le fondateur du Défi Taïga, Michel Lécuyer, et les discussions avec des compétiteurs venus prendre part à cette épreuve sportive au fil des ans à Fermont ont certainement ravivé la flamme en lui et, progressivement, il s’est replongé dans cet univers qu’il adore et auquel il avait déjà été initié. Sa conjointe Catherine Joly-Cardinal et sa fille Florence, qui souhaite dans le cadre d’une première expérience prendre le départ d’une course de 100 miles (il est très fier de la discipline dont elle fait preuve pour son jeune âge), ont choisi de le suivre dans cette grande aventure. « J’ai adoré les courses dès le début. Celles-ci nous poussent à nous surpasser en demeurant au diapason avec les chiens à qui on a le devoir d’offrir les meilleurs soins incluant crèmes, massages, étirements, périodes de réchauffement, vermifuge, vaccins et entraînements. »

Une vocation
« Avant de s’engager dans cette voie de façon plus sérieuse, il faut savoir que c’est une lourde responsabilité. Les chiens dépendent de nous et nous devons leur donner ce qu’il y a de mieux. Il faut voir quotidiennement à tous leurs besoins, les nourrir, les entretenir et leur consacrer du temps incluant des sorties à l’extérieur des enclos même en été pour leur permettre de faire de l’exercice et de rester en forme. » C’est
d’ailleurs ce qu’il se préparait à faire lors de cette entrevue. « Nos chiens, des alaskan huskies, font partie intégrale de la famille. Il faut véritablement être convaincu que l’on souhaite s’adonner à cette passion plusieurs heures par jour, effectuer des tâches reliées à ce choix et être prêt à investir pour le bien-être de nos animaux, incluant la nourriture et les visites chez le vétérinaire lorsque nécessaire » expliquet- il en terminant d’installer des pantoufles orange aux pattes arrière de ses chiens afin d’éviter des blessures. Il attelle ensuite deux meutes de chiens à ses deux quads
avant de prendre la direction du lac Carheil. « Durant la période estivale, cette race de chiens est plus à l’aise le soir une fois que le soleil se couche alors qu’il fait plus frais. » Cette petite randonnée au clair de lune exige tout de même une certaine logistique et sa femme accompagne le cortège en camionnette transportant
des cruches d’eau pour désaltérer les chiens et au cas où une évacuation d’urgence serait nécessaire. Les chiens aboient et sont impatients de s’élancer à grandes enjambées. Yan Shaw démarre son quad avant de lancer une consigne dans un jargon issu du monde des mushers que les bêtes comprennent très bien. Pas besoin de répéter et c’est parti. Il guide son attelage avec ces sons qui veulent dire en gros : allez tout droit, à gauche, à droite et arrêtez. À un moment donné, la corde d’un harnais se rompt et il doit immobiliser le convoi pour la remplacer. Il dit alors à celui qui l’accompagne : « Retiens les freins du quatre roues. » Mais pourquoi diable employer les freins, le passager se demande-t-il ? Il obtient rapidement la réponse en constatant la force brute d’une meute de douze chiens qui réussissent tout de même à faire branler le VTT avec énergie. Une fois ce contretemps réglé, la procession repart jusqu’au lac Carheil où les athlètes canins s’élancent dans l’eau pour se rafraîchir malgré une température quand même assez froide. Un petit chocolat chaud au bord du lac et le défilé entame tranquillement le trajet du retour vers Chienville. Une fois dans l’enclos, il reste du travail à faire, il faut enlever les pantoufles sur les pattes des huskies, les détacher pour les abreuver et les nourrir avant de les installer jusqu’à la visite du lendemain.