Suzanne Valotaire privilégie la performance comme pratique artistique, puisant aux différentes écoles de pensée ou aux tendances, sans faire partie, il me semble, d’un courant. Arrivée à Rimouski en 1997, elle a appris à « rester ». Après avoir enseigné près de vingt ans au Département des arts du cégep, la performeuse acadienne proposera dès septembre son projet Ramasser le temps, au centre d’artistes Caravansérail.
Pourquoi ramasser le temps?
Le premier volet de l’exposition consiste en l’inventaire de notes, de textes, d’artefacts, de dessins, de documents visuels photographiques et vidéographiques accumulés pendant une trentaine d’années de création. Plus qu’une rétrospective, cette exposition se veut une « archéologie pour savoir » par laquelle l’artiste offre, entre autres, ses sources d’inspiration et les éléments déclencheurs de ses performances. Sa préparation est l’occasion de réaliser à quel point le temps a beaucoup (été) compté dans sa démarche. En plongeant dans ses notes et en redécouvrant ses images, Suzanne Valotaire a constaté que « si la documentation témoigne d’un passé, celui-ci n’existe que dans le présent. »
Plus que l’inventaire du passé donc, Suzanne Valotaire s’est aperçue que c’est son présent qu’elle ramassait. Un peu comme si l’artiste réci(t)divait, confiant à d’autres le soin de suivre ses traces, d’en faire la translation, de (se) prolonger dans une réactualisation de son œuvre. Le second volet de Ramasser le temps, tributaire de ce travail d’inventaire, prendra la forme d’un événement performance incluant la participation d’Emie Guérin, artiste visuelle, danseuse, performeuse et complice.
Entre identité et appartenance, laisser échapper le temps
En travaillant à ce projet, Suzanne Valotaire a observé que tout est toujours là et que cet événement vise la réappropriation d’un trajet filant de 1982 à 2016, de manière à conjuguer le temps au présent, « à utiliser l’image et le corps, l’écriture et la parole, les objets et le contexte pour mettre en forme un propos lié à l’idée d’appartenance, de territoire et de frontière, tant sur les plans psychique, affectif qu’identitaire ». Artiste chercheuse ancrée, artiste du ravissement échappée, « chaque fois mes créations m’ont transformée. J’apprends de celle que j’ai été, maintenant. »
Pour Suzanne Valotaire, « apprendre à rester », c’est avoir réussi à prendre acte et racine grâce à une confiance accordée. Et c’est devenu cette exposition/installation/performance visant à « ramasser le présent, rien de plus, rien de moins ».
Ramasser le temps est présentée chez Caravansérail du 7 septembre au 14 octobre 2017. Le vernissage de l’exposition aura lieu le jeudi 7 septembre à 17 h et l’événement performance se déroulera le samedi 14 octobre à 17 h 30.