La troupe Poesia Dell’Arte : troquer la plume pour le costume ! Publié le 19 septembre 2017 Lyne Boulet, Journal Le Sentier, Septembre 2017 Les Productions Les Deux Frères présentaient la pièce Le retour du Pierrot, le 26 août, à Saint-Jérôme. Les membres de la toute nouvelle troupe de théâtre Poesia Dell’Arte se risquaient vaillamment devant un public. Une vraie première! Depuis cinq ans, Pierre et Jacques Mondou, des Productions Les Deux Frères, présentaient un spectacle multimédia extérieur à l’Antre du Poète, leur propriété sur le chemin du lac à l’Ours Sud (1). Ils y invitaient les auteurs qui se produisent à Poésie Académie (1) à un « micro ouvert ». Mais, nous avouaient les frères Mondou l’an dernier (1), ils souhaitaient mettre sur pied un projet de poéserie où la poésie s’autoriserait à être plus libertine, entre le monde du spectacle et la poésie traditionnelle. Cette ambition s’est concrétisée sous la forme d’une pièce de théâtre. Naissance du Retour du Pierrot Tout a commencé en septembre 2016. Les textes ont été colligés, adaptés et composés par André Montpellier. La pièce écrite, il fallait la mettre en scène, « de la plume au costume ». Des poètes ont accepté de tenter l’aventure. Normand Pelletier a assuré la mise en scène, et Jacques Mondou, la direction artistique. Ainsi est né Le retour du Pierrot, une comédie poétique, romantique et satirique, inspirée de la Commedia Dell’Arte. Apprentissage Pour des poètes dont l’expérience sur scène consistait à lire leur texte avec un maximum d’éloquence, incarner un personnage et jouer les mots d’un autre représentaient un défi de taille. Mémoriser les textes, se déplacer naturellement sur scène, échanger avec ses partenaires : cela signifiait plusieurs nouvelles habiletés à apprivoiser et à assimiler. Les poètes-comédiens amateurs se sont investis à fond et ont consacré des centaines d’heures aux répétitions qui les ont menés à la première. Choisir le risque Pour leur coup d’essai, ils n’ont pas choisi la facilité! Car la pièce n’est pas linéaire et ne raconte pas qu’une seule histoire. Il y a deux trames qu’on suit en parallèle. Elles sont entrecoupées de monologues qui s’y invitent insolemment : un mot, une allusion, et les voilà qui monopolisent la scène et changent le rythme de la production. On mime, on danse. On explore de nombreux modes d’expression. Et les mots s’y bousculent sous toutes leurs formes : recherchés, ampoulés, familiers. On reconnaît souvent, dans le phrasé des répliques, la marque du poète ou de l’écrivain. On y joue avec les mots sur un ton badin : « Il est dur de la feuille… mais il entend à rire ». On y permet de multiples digressions, car un mot d’une phrase ne peut-il pas nous emmener dans mille autres univers? « Un poète change un rhinocéros en licorne. Il change le lait en voie lactée », énonce-t-on dans la pièce. « La troupe s’appelle Poesia Dell’Arte rappelle Pierre Mondou. Son théâtre doit suinter la poésie ». Bref, une pièce courtepointe remplie de bonnes répliques, devant laquelle le spectateur doit rester bien alerte pour ne pas perdre le fil délicat qui les relie. Une belle initiative Cette initiative a donné une autre voix à des poètes. Elle leur a permis d’élargir leurs horizons. C’est une démarche qui leur a permis de repousser leurs limites. Un bel exemple d’exploration artistique qui fera peut-être des petits…