Des tonalités N & B aux sonorités ’70

Lyne Boulet, Le Sentier, Saint-Hippolyte, juin 2017

L’Hippolytoise Pascale Dupré expose jusqu’au 28 juin à la bibliothèque municipale. Au cœur de l’exposition intitulée Ciels!, on retrouve 12 grandes toiles en noir et blanc sur lesquelles on observe toute la richesse des formes éphémères des nuages.

On connaît bien Pascale Dupré pour la murale l’Arbre à mots peinte sur le mur faisant face à l’entrée de la bibliothèque. Mais cette artisane a plus d’une corde à son arc. Elle pratique également la peinture scénique, les arts décoratifs, le design, l’illustration, les décors, l’infographie. Et, en plus, elle est artiste-peintre.

 

Expérimentation

Pascale peint depuis 30 ans. Mais, confie-t-elle, « c’est ma première exposition à vie en N & B. Pour moi, c’est comme me jeter dans le vide. Beaucoup d’artistes commencent par là. J’ai fait le chemin inverse, je suis passée de la couleur au noir et blanc ». Inspirée par Ansel Adams, un photographe et écologiste américain connu pour ses photos en noir et blanc de l’Ouest américain, Pascale Dupré a plongé dans l’univers de la noire absence et du blanc mélange de lumière.

Dans ses réalisations précédentes, les couleurs débordaient. Dans cette nouvelle démarche, la recherche du contraste et des nuances devait se structurer d’une tout autre façon. « Les toiles de la série Ciels! sont une expérimentation, des compositions de pure expression. J’avais commencé depuis longtemps à enregistrer des images et à faire des recherches sur les nuages que je voulais peindre. Certaines des toiles présentées ici en découlent. D’autres sont le produit d’un pur instinct », raconte Pascale Dupré.

 

Techniques

Elle a employé de la toile brute de gros coton non traité qu’elle a d’abord travaillée à plat. Elle a élaboré une méthode de superposition : jus, transparences et liquides se sont succédé sur le canevas. Pascale s’est servi de techniques de scène, les mêmes qu’elle utilise lorsqu’elle fait des murales sur toile. Même quand elle recourt à l’acrylique, ses procédés rejoignent certaines techniques d’aquarelle.

Son style, quant à lui, progresse vers l’abstraction. Mais on retrouve encore dans ses tableaux la lumière et le mouvement qui ont toujours caractérisé sa peinture.

 

Tonalités et sonorités

Pascale sentait le besoin de faire converger des sensations plurielles. Elle a donc associé les tonalités de sa peinture aux sonorités qui ont marqué le fil de ses années. « J’ai cristallisé peinture et musique. Les titres des toiles sont les noms de pièces musicales qui font partie de mon parcours ». Plusieurs sont des années 70. La chanson Comme un sage d’Harmonium est l’une d’elles. Pascale invite le public à s’envoler pour découvrir ses nuages : Comme un sage, Monte dans les nuages… Viens voir le paysage. Et à s’attarder dans ses ciels : Stairway To Heaven, Knockin’on Heaven’s Door, Too Much Heaven…

 

L’avenir

Cette exposition n’est que la pointe d’un iceberg. « Je n’ai pas fini d’explorer ce thème. J’ai encore beaucoup de choses à dire et à approfondir au niveau des transferts de couleurs. Je vois aussi la possibilité de développer des jeux optiques ». L’expression passer du noir au blanc ne signifie-t-elle pas aller d’un extrême à un autre? Cela peut s’avérer un terrain d’exploration très vaste pour qui veut s’y attarder, comme compte bien le faire Pascale Dupré.