François Di Candido, Échos Montréal, Montréal, mars 2017
Nous voici en mars, l’hiver semble enfin toucher à sa fin et on peut espérer que Montréal se réveille tranquillement de son hibernation saisonnière pour entrer de plein fouet dans le dynamisme des festivités du 375e anniversaire de la ville. Cela va aussi bientôt être la période du Ménage du Printemps, alors profitons-en pour vérifier l’état des lieux dans notre métropole.
Question éthique il n’y a aucun doute que le climat est beaucoup plus sain, plus propre. Après toutes les tribulations douloureuses de la Commission Gomery et les nombreux scandales politico-municipaux qui en ont découlé, le Maire Coderre n’a pas mis de temps à nettoyer l’appareil municipal de tous ceux sur qui pesaient soit de solides soupçons de corruption, soit d’évidentes preuves d’incompétence. Exit donc, les Zampino, Applebaum et autres politiciens aux réputations pour l’instant entachées, et dont les procès respectifs prochains permettront de départager le vrai du faux.
Terminée également la stagnation énervante et l’auto-aveuglement volontaire de l’insipide et inefficace Gérald Tremblay, dont le manque de vision et l’inexcusable incompétence en matière de prévention de la corruption ont causé d’importants dommages structurels à la ville, pendant près d’une décennie.
Au niveau économique, Montréal s’en sort en fait plutôt bien, et même mieux que le reste du Canada. La croissance économique, déjà haussière de plus de 1 % l’an passé, pourrait doubler à près de 2 % en 2017, boostée par les prévisions touristiques du 375e anniversaire et par les nombreux investissements massifs dans les programmes d’infrastructures. Cela se conjugue aussi en parallèle avec un relatif affaiblissement du dollar canadien (par rapport au dollar US notamment), ce qui a toujours pour effet de revamper à la hausse les domaines touristiques et des exportations.
Dans une perspective plus modeste, mais similaire, le marché de l’immobilier devrait assister au mariage paradoxal entre un regain de confiance prudent en raison des resserrements hypothécaires récents, et une croissance stable tout au long de l’année, grâce à la bonne réputation de la ville aux cent clochers et sa popularité solide et croissante sur la scène internationale.
D’un point de vue logistique, la ville a éprouvé quelques anicroches en 2016. Les négociations demeurent tendues entre l’administration municipale et les corps policiers, et un certain ressentiment persiste au sein des deux parties. On espère que 2017 contribuera à assainir les relations et à remettre tout le monde au diapason.
Question propreté, la métropole a aussi connu quelques accros ponctuels. Nos lecteurs nous ont ainsi à quelques reprises relatées que les poubelles publiques, par ailleurs trop peu nombreuses à plusieurs endroits achalandés débordaient dans certains secteurs du Centre-ville et du Vieux-Montréal, un état de fait qui peut cependant partiellement s’expliquer par la surabondance des chantiers de construction et les travaux de voirie tous azimuts.
La multiplication rampante des mégots de cigarettes en bordure des trottoirs, ainsi qu’en avant des édifices et des stations d’autobus est également désolante. Il fut à de nombreuses reprises question dans les médias de certains « quotas » de contraventions requis des corps policiers, qui forceraient les agents à regorger d’imagination et de créativité pour trouver des façons de pénaliser les automobilistes. Ça pourrait dès lors être une excellente solution budgétaire et urbaine de sévir un peu plus envers les contrevenants pollueurs, afin de s’efforcer d’enrayer ces mœurs désuètes.
D’autres dossiers sont par ailleurs pour l’instant un peu plus mitigés. Comme nous le mentionnions le mois passé, la situation du dynamisme commercial de la ville préoccupe un peu, notamment pour les secteurs du Plateau-Mont-Royal ou du Village Gai, et constituera un point primordial à insérer dans l’agenda politique et budgétaire de l’hôtel de ville.
Dans une optique corollaire, je continue de penser qu’il est capital de régler la question du rapatriement du Vieux-Port de Montréal dans le giron municipal. C’est un joyau dont l’administration a souffert ces dernières années. Il est impératif d’en ramener la gestion – et les profits – sous gouvernance de la Mairie de Montréal.
En somme, la situation générale de la ville s’affiche comme singulièrement positive à bien des égards. Nombreux seront cependant les dossiers à suivre dans l’année et les médias montréalais auront à ce titre un grand rôle à jouer, à la fois pour servir de reflets à l’activité municipale globale et agir en garde-fous quant à la gestion urbaine de la ville.