Zéro déchet : Comment se débarrasser de sa grosse poubelle

Marie-Josée Gamache, Le Trident de Wotton, Wotton, mars 2017

Elle est grosse, obèse même, et en plus, elle pue. Mon homme a décidé de la rentrer dans la maison, en plein hiver, pour effectuer une délicate opération. Il faut la réchauffer et nettoyer le site de l’intervention, conformément aux directives. Il faut ensuite lui appliquer son code d’identification qui la rendra réglementaire et lui évitera d’être abandonnée sur le bord du chemin.

Non, je ne parle pas de la vieille chatte de l’étable ou de la grosse truie. La puante, c’est la noire sur roues, la poubelle qu’on remplit pour que son contenu rejeté de nos maisons soit enfoui ou brûlé quelque part, loin de chez-nous. Il lui fallait dorénavant une étiquette en bonne et due forme pour être acceptée par le camion de vidanges. Mais pourquoi un si grand contenant pour un si petit contenu quand on peut réduire considérablement le volume de nos déchets, sur tout en campagne.

Premièrement, on peut nourrir nos animaux avec les restants de table : les morceaux de viande et les os vont aux chiens, les épluchures de légumes aux lapins, les fruits abîmés aux poules, les bouts de carottes au poney. Deuxièmement, on nourrit le compost avec tout ce qui est végétal, marc de café et coquilles d’œufs inclus, sans oublier de lui fournir de temps en temps des résidus bruns de feuilles et autres substrats organiques. Troisièmement, on utilise le papier et le carton pour allumer le poêle à bois en hiver et les feux de camp en été. Tous les contenants de verre et de plastique qui ne sont pas réutilisés vont, évidemment, au recyclage, de même que les bouteilles et contenants qui ne sont pas consignés. D’ailleurs, le volume de matières recyclables serait moindre si la SAQ se décidait enfin à consigner les bouteilles de vin. Ce qu’on jette ensuite dans notre poubelle à chaque semaine tient dans un petit sac de plastique et est constitué en majeure partie d’emballages et d’objets désuets et inutiles.

Cette constatation est à l’origine du mouvement Zéro déchet, qui se développe au Québec dans la foulée du courant de la simplicité volontaire et de la nourriture biologique. C’est Bea Johnson, une française installée aux États-Unis, qui l’a initié en 2013. Le concept a été repris par Equiterre au Québec. En achetant la nourriture en vrac, par exemple, on ne paie que pour le produit, pas pour l’emballage. Des épiceries bio-vrac commencent à ouvrir un peu partout, comme Le Silo à Sherbrooke. Elles s’approvisionnent auprès de fournisseurs locaux le plus possible. On apporte ses propres contenants, comme des pots Mason et des sacs lavables. Des produits de nettoyage pour la maison peuvent être facilement fabriqués avec des ingrédients de base comme le vinaigre et le bicarbonate de soude. Comme quoi la petite vache est encore utile.

 

Sources :

-Johnson, Bea, “Zero Waste Home: the ultimate guide to simpl i fying your l i fe by reducing your waste.” -Kindle Editions, 2013; -Lavallée, Bernard, “Sauver la planète une bouchée à la fois : trucs et conseils », Editions La Presse, 2015 -Le Silo.com.