Jean-Pierre Robichaud, Le Pont de Plamarolle, Palmarolle, février 2017
Je vous avertis, je suis parfois un ennuyeux péteux de bulles.
Voici la bulle : le matin du 24 décembre dernier, une nouvelle à faire pleurer est tombée à TVA. Un topo orchestré comme par hasard spécialement pour la veille de Noël et qui a sûrement tiré quelques larmes à plusieurs d’entre vous. Une centaine de chiens chinois sont débarqués à Dorval, sauvés d’une mort certaine par un organisme de protection des animaux. En Chine, le chien est, comme chez nous la dinde, le mets de prédilection pour le temps des Fêtes. Et ils en consomment 10 millions par année. La plupart d’entre nous avons poussé un soupir de soulagement en voyant les grands sourires reconnaissants de ces magnifiques pitous à la langue bleue sauvés de la casserole chinoise. Je m’excuse d’avance auprès des amis des canidés auxquels je risque plus loin de crever la bulle.
Rappelez-vous l’an dernier à pareille date, on accueillait des milliers de réfugiés syriens. Mais, comme nous avons l’habitude de passer rapidement à autre chose, nous ouvrons cette année nos bras à une nouvelle race de réfugiés : des chiens chinois. Le ministère de l’Immigration a le cœur immense. La grande question maintenant est de savoir où on va les loger. Familles d’accueil, manifestez-vous!
Je conviens que c’est un très beau geste de la part de ces protecteurs de la vie sur la planète; la nouvelle frappe l’imaginaire et leur attire sûrement de généreux donateurs. Mais devrions-nous être aussi empathiques et généreux pour sauver de la guillotine une centaine des trois millions de dindes qui flattent notre palais à Noël? Ou quelques dizaines de ces milliers de larmoyants petits agneaux qui nous offrent leur gigot à Pâques? Un agneau vaut bien un chien, non?
Et aurions-nous poussé le même soupir de soulagement s’il était plutôt débarqué une vingtaine de migrants sauvés de la noyade en Méditerranée? J’aurais préféré, ce matin du 24 décembre à l’aéroport, voir la bine de quelques enfants arrachés à la mort dans les zones de guerre malheureusement trop nombreuses sur la planète. Voilà ce à quoi devraient s’attaquer ces groupes protecteurs de la vie.
Merveilleuse, la vie de chien quand même, trouvez pas?