Conrad Lapointe manie tous les jours scies et ciseaux à bois pour créer de magnifiques horloges grand-père. Photo : Lucie Lapointe

Conrad Lapointe toujours passionné par son art

Lucie Lapointe, Autour de l’île, Île d’Orléans, janvier 2017

Conrad Lapointe est l’exemple vivant que l’âge n’altère en rien la passion éprouvée par l’artiste pour son art, art qu’il pratique maintenant depuis plus de soixante ans. En effet, cet ébéniste de renom, âgé de quatre-vingt-trois ans, continue de manier tous les jours scies et ciseaux à bois et crée de magnifiques horloges grand-père dans son vaste atelier, au 1577 chemin Royal, à Saint-Pierre. Conrad Lapointe est né à Saint-Ambroise et a grandi à Saint-Charles-de-Bourget, au Saguenay, dans une famille de onze enfants. Très tôt, il commence à sculpter dans la terre glaise et dans le bois, empruntant le canif de son père. Cet artiste autodidacte dit qu’il tient son talent de son père. Celui-ci, défricheur et cultivateur, fabriquait les meubles pour la maisonnée : tables, chaises, armoires et le travail du bois fascinait déjà le jeune Conrad. «Travailler et sculpter le bois, c’est inné chez moi, souligne-t-il, c’est un talent naturel.»

Il arrive à l’île d’Orléans en 1974 et il installe son atelier dans un bâtiment de ferme en retrait de la maison. Il fabrique alors des mobiliers de cuisine et de chambre à coucher, mais ces meubles de chêne, d’acajou et de cerisier sont ornés de fines sculptures représentant des motifs de fleurs ou d’oiseaux définissant la signature de l’artiste. Il a exposé dans plusieurs centres d’art aux quatre coins de la province, dans différentes galeries et aussi dans les salons des métiers d’art de Québec et de Montréal, ainsi qu’au Manitoba et en Alberta. Ses œuvres franchissent les frontières du Québec et séduisent des acheteurs de l’Ontario et des États-Unis. Ici, au Québec, il a réalisé des œuvres pour plusieurs personnalités dont Clément Richard, ex-député du comté, Lisette Lapointe et Jacques Parizeau et aussi pour son célèbre voisin et ami, Félix Leclerc. Il a aussi créé des sculptures pour le Prix Félix-Leclerc et une sculpture honorifique remise à Charles Aznavour, lors de son passage à Québec, en 1997.

À l’île, on peut voir quelques objets ecclésiastiques sculptés par Conrad Lapointe, dont un bel ambon dans le chœur de l’église de Sainte-Famille, le support de la croix de procession et les fonts baptismaux, à l’église de Sainte Pétronille, et une murale, à l’église de Saint-Pierre, où l’on retrouve les noms de tous les curés de la paroisse.

Il travaille actuellement à la fabrication d’une chaise berçante dont les plans ne sont pas encore complètement définis ; et en dehors de travaux d’ébénisterie consacrés à l’embellissement de son logis, il se concentre principalement sur l’élaboration et la fabrication d’horloges grand-père. Chacune est une pièce unique, faite d’acajou, de chêne ou de cerisier, possédant un mouvement allemand et présentant des motifs sculptés distincts. Il installe lui-même le gros pendule de laiton. Elles sont imposantes, mais elles dégagent en même temps une impression de légèreté. Combien de temps consacre-t-il à la fabrication d’une horloge? «Je ne saurais le dire», me dit-il. «Je ne compte pas mon temps, il faut que je la trouve à mon goût», ajoute-t-il. Chose certaine, elles sont majestueuses.

Cet artiste, amoureux de son art, minutieux et exigeant face à son travail, continuera à se nourrir de celui-ci aussi longtemps qu’il le pourra. «J’ai plein d’idées dans la tête, dit-il, ça n’arrête pas.» Et il ajoute que depuis toujours et encore aujourd’hui, son travail lui procure un bonheur immense.