Éric Faucher et Christina Sanschagrin, L’Itinéraire, Montréal, le 15 janvier 2017
En Estrie, lors de la 13e édition de la Nuit des sans-abri, qui s’est déroulée sous le thème «L’itinérance pas dans ma cour !? Réflexion pour l’inclusion sociale», deux étudiants en technique d’éducation spécialisée du Cégep de Granby se sont rendus sur place pour recueillir des témoignages de gens sur la réalité de l’itinérance dans la ville de Granby et aux alentours.
Caméra à la main, nous avons échangé avec de nombreuses personnes présentes à l’événement. Nous avons ainsi eu le privilège de rencontrer des gens ayant vécu l’itinérance dans le passé et même présentement. On a été frappés par leurs réponses à la question: « L’itinérance pas dans ma cour, comment est-ce vécu à Granby? ». En effet, pour ces personnes, ce thème renvoie au manque de ressources pour aider les personnes qui se retrouvent à la rue. Trop peu de travailleurs de rue sur le terrain, de ressources d’hébergement en région, d’accès à des soins adéquats ainsi que des difficultés aux niveaux gouvernementaux lors de demandes d’aide sont au cœur de leurs préoccupations.
Parmi les participants rencontrés, Ti-Guy a eu plus de chance. Il a livré le récit de son parcours avec une grande franchise et a exprimé sa reconnaissance envers raide qu’il a reçue par le passé. Grâce à des ressources auxquelles il a eu accès, ainsi que l’aide d’une travailleuse sociale et d’un séjour à l’hôpital. Ti-Guy a pu se sortir de la rue. Cette rencontre démontre que les services qu’il a reçus lui ont donné de l’espoir et ont contribué à améliorer sa situation. Cette discussion fut très enrichissante. Ce grand homme aussi résilient que dynamique a su partager sa bonne humeur contagieuse tout au long de cette soirée. Pour lui, « toutes les personnes ont leur place auprès de nous dans notre ville ». Merci Ti-Guy pour ton témoignage!
Par ailleurs, Cendrina, cette femme qui est en train de terminer une formation scolaire, a raconté comment elle a pu se sortir de I ’itinérance avec l’aide d’un travailleur de rue qui lui a permis de trouver les bonnes ressources. «Cela fut difficile par moments, et malheureusement cette ombre plane encore au-dessus de moi, explique-t-elle. J’éprouve encore des difficultés, notamment avec les nombreux papiers que je dois acheminer au gouvernement pour avoir l’aide nécessaire pour continuer et garder ce que j’ai mis tant de temps à rebâtir déjà.» Malgré ces nouvelles embûches, Cendrina persévère.
Ce fut une expérience enrichissante pour nous de recueillir ces témoignages. Nous étions contents de voir autant de gens réunis sous la pluie, à discuter, à manger une omelette géante ou un bon bol de soupe chaude, à siroter un café autour d’un feu ou à écouter les chansonniers, À la Nuit des sans-abri, nous formons une grande et unique famille. Cette expérience nous a démontré l’impact que peut avoir la société, mais surtout le gouvernement sur l’accessibilité des ressources d’aide en itinérance.
Les témoignages des gens nous montrent l’importance des interventions publiques afin d’améliorer les ressources, comme en augmentant le nombre de travailleurs de rue et les revenus de base.