Paul-Henri Frenière, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, le 17 novembre 2016
Le nom de Gilbert Poissant est déjà connu de plusieurs Maskoutains. Résidant à Mont-Saint-Hilaire, on retrouve ses œuvres d’art public au Cégep de Saint-Hyacinthe, à la Faculté de médecine vétérinaire et à la Bibliothèque Sainte-Rosalie.
À partir du 12 novembre, il occupe l’espace du Centre d’exposition Expression avec une proposition intitulée L’objet et le territoire. Et le verbe « occuper » prend tout son sens avec des collections regroupant plus de 1200 items. Un corpus qu’il a mis une dizaine d’années à réaliser et qui atteint son apogée avec l’exposition de Saint-Hyacinthe.
Gilbert Poissant s’est fait d’abord connaître comme un céramiste de talent qui ne faisait jamais rien comme les autres. Son originalité a vite été remarquée si bien que, tôt dans sa carrière, on lui a fait des commandes. Sa réalisation la plus connue est sans doute la grande murale qui orne la station de métro Outremont à Montréal, l’une des plus belles de tout le réseau selon plusieurs observateurs.
Au fil des années, le céramiste a passablement diversifié son art, explorant plusieurs matériaux et techniques selon son inspiration. À Expression, on aura droit à des collages, impressions au jet d’encre, murales de porcelaine, objets-installations, maquettes et boîtes-coffrets issus du corpus Le jeu du collectionneur.
Un alphabet graphique
Depuis une décennie, Gilbert Poissant collectionne des objets usuels, surtout en bois, qu’il a classés patiemment, méthodiquement. Par la suite, il a reproduit la forme de ces objets pour constituer une sorte d’alphabet graphique, composé de 144 éléments, qu’il décline sans ses œuvres.
« C’est un travail qui a demandé beaucoup de temps, de patience, et une obsession presque maniaque » admet l’artiste. On va retrouver toutes ces formes, soigneusement découpées dans le bois et disposées dans plusieurs coffrets.
Pour un rare fois dans une salle qui expose des œuvres d’art, il sera possible de les toucher. « J’ai pensé aux nombreuses classes d’enfants qui viendront visiter l’exposition, explique Gilbert Poissant. J’imagine que ce sera intéressant pour eux de toucher aux objets et même de les manipuler. Une expérience tactile qui leur servira d’initiation à l’art. »
Un deuxième volet
Ceux qui visiteront cette exposition seront peut-être tentés de connaître le deuxième volet de L’objet et le territoire présenté parallèlement au centre d’exposition Plein-Sud à Longueuil. « J’y expose des œuvres un peu plus récentes qui participent davantage au volet territoire » commente l’artiste.
La commissaire invitée de l’exposition, Mona Hakim, explique : « À Plein sud, Gilbert Poissant réinterprète le territoire par l’entremise de cartes topographiques de sa région, avec en tête certaines légendes de son enfance. Découpes et collages sont au nombre des interventions que porte méthodiquement l’artiste à même les plans graphiques, recréant une toute nouvelle histoire du territoire, une sorte d’atlas géographique imaginaire. »
Une carrière florissante
Reconnu pour sa contribution à l’art public, Gilbert Poissant est le créateur d’une quarantaine d’œuvres intégrées à l’architecture. Il a présenté des expositions individuelles au Québec, au Canada et dans plusieurs pays tels que la Chine, le Danemark, les États-Unis et le Vénézuela.
Membre de l’Académie royale des arts du Canada depuis 2003, il a reçu en 2013 la première bourse de carrière attribuée en métiers d’art par le Conseil des arts et des Lettres du Québec, ainsi que le Prix à la création artistique pour la région de la Montérégie, attribué par le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil montérégien de la culture et des communications.