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L’incivilité générationnelle

Vincent Di Candido, Échos Montréal, Montréal, novembre 2016

L’autre jour, dans un centre d’achats de la rue Sainte-Catherine Ouest, alors que je sirotais tranquillement un bon café, je ne pus m’empêcher de constater le manque de savoir-vivre de plusieurs personnes. Je fus particulièrement choqué par un couple qui, tout en mangeant et mastiquant les bouches grandes ouvertes et en faisant des bruits et borborygmes particulièrement malpolis, n’arrêtait pas d’engueuler leur fille de deux ou trois ans (2 ou 3 ans !) en la traitant de niaiseuse !

Nous vivons dans un monde où chacun, bien trop égocentré sur sa propre personne, ne se rend plus compte qu’il fait la promotion de la vulgarité. Et c’est ainsi que l’on n’hésite plus, sous le prétexte fallacieux d’avoir sa propre personnalité (quel beau sophisme comportemental s’il en est un) à s’afficher vêtue en guenilles devant grand public et des centaines de milliers de téléspectateurs. C’est là oublier qu’une personnalité publique, du fait de sa notoriété, se doit aussi de montrer l’exemple. Idem en ce qui concerne les beaucoup trop nombreux écarts de langage de nos personnalités publiques et vedettes médiatiques. Comme si c’était cool d’être vulgaire et de sacrer à tout bout de champ. Comme si ça faisait plus « vrai ». Et c’est sans compter les animateurs de radio, dont on dirait qu’ils sont incapables de finir leurs phrases.

On pourrait aussi parler des annonceurs, qui nivellent constamment par le bas en semblant prendre les téléspectateurs pour des « morons ». J’ai notamment en tête les publicités de Toyota, dans lesquelles le comédien joue un garagiste, au vocabulaire restreint et le cure-dent invariablement coincé entre les dents. Si auparavant la présence de Martin Matte dans ses publicités apportait un contrepoids de qualité, il n’a maintenant plus l’air que d’un imbécile manquant cruellement de savoir-vivre.

Le problème est qu’en cultivant ces comportements d’incivilités, on envoie un message de bien pauvre éducation à la prochaine génération. On ne fait plus la différence entre la méthode « clochardise» et la participation à des événements où le bon goût devrait primer. Il n’est plus essentiel d’avoir un minimum de savoir-vivre, on peut dès lors se comporter comme un arriéré, pourvu que ça fasse vrai.