Johanne Sirois, L’Écho de Cantley, Cantley, novembre 2016
Petite montée de lait contre tous ces stéréotypes qui envahissent notre société. Le rose c’est pour les filles, le bleu pour les garçons. Les camions pour eux, les poupées pour elles.
Non seulement je n’y crois pas, mais j’ai toujours enseigné autant à mes enfants qu’à mes élèves qu’il n’y a rien pour les filles, rien pour les garçons. Chacun est libre d’aimer ce qu’il désire ou ce que son cœur lui dicte qu’il aime.
Cette montée de lait s’est accentuée avec l’arrivée de mon petit dernier. Celui qui est né garçon, mais qui aime profondément tout ce que la société juge être destiné aux petites filles.
Il affectionne particulièrement les princesses de Disney. Il connaît toutes leurs histoires par cœur. Il chante avec joie toutes leurs chansons. Il collectionne tout d’elles. Il porte leurs robes et déambule dans la maison le regard plein d’étoiles. Mon fils aime porter des robes… et puis après? Il porte aussi de jolis pyjamas roses à l’effigie de la Reine des neiges parce que malheureusement, il n’y a aucun vêtement avec un visage de princesse dans la section garçon.
Il se fait aussi allonger les cheveux et rêve de les avoir assez longs pour se faire de jolies tresses et de belles couronnes. À la maison, il les coiffe à l’aide de jolies boucles et de barrettes multicolores que ses cousines lui ont données. Parce que oui, ses cousines l’aiment comme il est et ne portent jamais de jugement à propos de ses goûts et centres d’intérêt, tout comme son frère et sa sœur d’ailleurs. C’est le cœur plein de fierté que j’ai vu des dizaines de fois ma grande fille ainsi que mon grand garçon aider leur frère à enfiler une robe, lui attacher les cheveux ou lui mettre du vernis à ongles. Ils n’ont rien dit et l’ont plutôt encouragé à venir jouer dehors, en robe, avec eux malgré la gêne que lui-même avait que les gens le voient ainsi. Ils l’ont tenu par la main le jour où il a voulu porter une belle robe pour aller au centre commercial. Je suis fière d’eux. Fière de savoir qu’ils sont tolérants et ouverts.
Nous sommes par contre démolis par tous les commentaires stéréotypés que nous pouvons entendre dans une journée. Mon fils les entend aussi et cela le blesse à chaque fois. Je suis triste de voir qu’encore aujourd’hui, on se moque de la différence. On la pointe du doigt avec tant de haine. Lolo a peur d’exprimer ses goûts devant les autres par peur de jugement.
On me demande souvent si j’ai peur qu’il soit « gai ». Pourquoi j’aurais cette peur? Être homosexuel, ce n’est pas une maladie! Si cela en était une, je serais chanceuse d’être tombée sur plusieurs personnes qui en sont atteintes et qui sont extrêmement précieuses pour moi. En fin de compte, la seule raison pour laquelle j’aurais peur qu’il soit homosexuel, c’est qu’il devra faire face à des gens fermés et peu tolérants qui essaieront de lui faire croire qu’il n’est pas normal.
Mon Lolo, je l’aime comme il est. J’aime ses spectacles qui n’en finissent plus, mais dans lesquels il met tout son cœur. J’aime ses chorégraphies. J’aime son sourire et sa bonne humeur. J’aime lorsqu’il rayonne, vêtu d’une robe toute déchirée parce qu’il l’a portée des dizaines de fois. J’aime lorsqu’il se maquille ou se fait une belle coiffure et qu’il s’admire avec fierté devant le miroir. J’aime ses inventions, sa créativité. J’aime son grand cœur et son empathie. J’aime sa différence qui fait de lui un enfant unique et exceptionnel.
Je garde l’espoir qu’un jour, les gens prendront conscience que la différence, qu’elle soit physique ou dans l’âme, est tellement enrichissante, si seulement nous prenons le temps de l’apprivoiser…