Marilyn Grondin, Le P’tit Journal de Malartic, Malartic, septembre 2016
Zack vient tout juste de partir avec son papa après une très belle nuit de sommeil, sans réveil. Il a reçu son cocktail de médicaments, j’ai hépariné son picc-line, je l’ai crémé de la tête aux pieds et j’ai préparé la pompe de gavage pour son papa.
Pour ma part, je me suis couchée un peu plus tard, car je préparais mon retour graduel à Malartic. J’ai accumulé dans ma chambre, au Manoir Ronald Macdonald, l’équivalent de 6 camions de déménagement! (rires) Non, sérieusement, je suis un peu angoissée de retourner à la maison. J’ai un millier d’inquiétudes. Là où je loge présentement, je suis à cinq minutes du Centre universitaire Sainte-Justine. La santé de Zack est tellement fragile et à risque de contracter n’importe quelle bactérie que la proximité d’un hôpital me rassure énormément. J’ai un peu adopté mon nouveau milieu de vie et les gens qui m’entourent. Pour tout dire, je serais bien restée ici encore quelques mois, mais il faut aller de l’avant. Il faut redonner à Zack la vie qu’il avait avant que le cancer se plante devant nous. Ça lui fera du bien de retrouver son chat, notre maison et la visite de ses proches.
13h00 Ça y’est! Je prends la route. Je partais avec l’idée de peindre, de refaire la déco intérieure, d’ouvrir les boîtes que j’avais emballées dans l’espoir de louer la maison, de ranger le contenu des boîtes, de me départir de certains meubles, de me construire un garderobe d’entrée, d’aménager un coin détente dans ma chambre, de nettoyer mon vide sanitaire, de désinfecter toute la maison ainsi que les jouets de Zack… Je crois que je voyais un peu trop grand pour un simple petit week-end! Je ferai donc l’essentiel pour le moment et ensuite on verra.
C’est que quand mon coco reviendra à la maison, nous avons beaucoup de restrictions à suivre à la lettre. Il faut laver à l’eau savonneuse certains aliments, plusieurs aliments sont interdits et l’eau doit être ozonée. Je dois désinfecter la surface de travail avant de cuisiner, ne pas faire de travaux dans la maison pour ne pas le mettre en contact avec de la poussière, laver les lits à chaque semaine, etc. Il ne peut pas être en contact avec des foules et aucun lieu public, sauf s’il porte son masque pour le protéger. Cette période d’isolement dure 6 mois. Selon la réhabilitation de son sang, il se peut même que Noël soit célébré avec la famille restreinte. Il est donc primordial que toute personne qui possède des symptômes de rhume ou de grippe s’abstienne de nous rendre visite tant qu’il sera certain de ne pas être contagieux. En plus, nous revenons dans une période assez critique pour les virus. J’ai tellement hâte de vous présenter mon héros et étant une fille au tempérament très sociable, ce sera difficile de ne pas courir tous les événements pour vous voir et découvrir les beautés abitibiennes. Peut-être nous croiserez-vous dans l’allée à l’épicerie? Il me fera un énorme plaisir de vous le présenter, mais il est préférable de ne pas le toucher.
Présentement, Zack va de mieux en mieux. Son bilan sanguin monte en flèche. Comme il a une nouvelle moelle osseuse qui fonctionne à merveille, il devra recevoir tous les vaccins qu’il avait reçu jusqu’à maintenant, car la nouvelle moelle s’installe telle celle d’un bébé naissant. Nous pourrons revenir à la maison lorsque l’équipe médicale de Sainte-Justine nous permettra de faire un des suivis médicaux hebdomadaires à Val d’Or. Nous n’aurions qu’à nous rendre à Montréal une semaine sur deux. Tout de même, dans un contexte où la route 117 n’est pas la plus sécuritaire à emprunter en hiver, j’appréhende beaucoup l’idée d’affronter le trajet aussi souvent.
J’aimerais remercier tous les gens qui ont contribué à rendre notre séjour à Montréal beaucoup plus agréable. J’ai passé des moments extrêmement difficiles et on dirait que je ne réalise pas encore l’ampleur de ce qui nous est arrivé. Ce n’est pas terminé, l’ennemi peut toujours revenir, mais l’armée est prête à lui faire face. Zack est fier d’avoir vaincu tous les monstres dans son sang. Il dit que pour empêcher qu’ils reviennent, il doit bien manger.
À son jeune âge, il n’est pas conscient de tout ce qu’il a surmonté, mais il pose beaucoup de questions. Je suis si fière de lui. J’espère que la vie nous épargnera un peu pour l’avenir et que nous pourrons profiter de chaque parcelle de bonheur comme on sait si bien le faire.