Hommage à Camille Claudel et à la condition sculpture sur bois, 2016. Prix du public de l’édition 2016 du Festival de sculpture Camille Claudel de La Bresse en France.

Bernard Hamel à l’honneur

Normand Gagnon, Autour de l’île, Île d’Orléans, août 2016

Deux sculpteurs de l’île, Philippe Pallafray, de Sainte-Pétronille, et Bernard Hamel, de Saint-François, sont à l’honneur cet été. Le premier a été l’un des dix sculpteurs sélectionnés par Beauce Art dans le cadre de la troisième édition du Symposium international de la sculpture de Saint-Georges de Beauce. Voir à ce sujet le texte de Jacqueline Guimont. Le second a vu son œuvre Jonction retenue lors du Concours annuel d’art public de Sainte-Pétronille en plus de récolter, tout récemment et pour la troisième année consécutive, le premier prix du public lors du 23e  Festival de sculpture Camille-Claudel, de La Bresse, en France. «Chouchou du public», a titré le journal Vosge Matin, au lendemain de l’attribution des prix.

 

Jonction de Bernard Hamel

Nos lecteurs se souviendront de lui comme organisateur et participant au premier Symposium de sculptures sur bois tenu à l’Espace Félix-Leclerc pour le 25e  anniversaire du décès du poète, en 2013. Il avait alors présenté La plume du poète que l’on peut encore admirer à l’entrée du bâtiment. Le sculpteur a fait du chemin depuis et ses œuvres sont particulièrement appréciées en raison du fait, peut-on le penser, qu’elles racontent des histoires touchantes avec un minimum de moyens. Son Hommage à Camille Claudel ou à la condition féminine, qui lui a valu cette année encore d’être lauréat du Prix du public du festival de La Bresse, est une œuvre énigmatique et troublante qui  montre une jeune femme blessée, bras croisés sous sa cape, dont la vue est obstruée par un bandeau. Les plis spiralés de la carpe ne suggèrent-ils pas le parcours tourmenté de sa Camille, soumise métaphoriquement à ce jeu cruel où l’on donne le tournis à une personne à qui on a bandé les yeux, en la faisant tourner sur elle-même? Inspiré par Le psaume, une sculpture de Camille Claudel, Bernard Hamel nous dit avoir voulu rendre hommage à cette grande artiste, abandonnée par les siens et enfermée durant des décennies dans un hôpital psychiatrique. Sa double condition de femme à l’immense talent, éprise de liberté et de sculpteure, lui aurait valu la réprobation sociale, d’autant plus qu’elle risquait de porter ombrage à Rodin, son célèbre amant, et à l’écrivain Paul Claudel, son frère. Une œuvre devant laquelle personne ne peut rester indifférent tant elle nous fait partager le malêtre de l’enfermement.

Quant à Jonction, œuvre lauréate du Concours 2016 d’art public de Sainte-Pétronille, elle s’inscrit davantage dans une narration faite de symboles que dans la charge émotive, bien qu’elle n’en soit pas totalement dépourvue en raison notamment des ces longues poutres verticales effilées qui pointent vers le ciel. L’artiste dit de sa sculpture qu’il s’agit «d’un rappel iconographique du passé du quai de Ste-Pétronille». Y sont représentés trois piliers de quai, traversés de part en part par un cordage de bateau, et une toile flottant au vent qui rappelle les voiliers qui s’y sont amarrés au fil des années. À la base de la sculpture, les pavés, qui se transforment en vagues, représentent un chemin de terre qui devenait, grâce au quai, un chemin d’eau vers Québec. Une œuvre forte et d’une pertinence évidente en bordure du chemin du Bout-de-l’Île.