Ginette Plante, L’Attisée, Saint-Jean-Port-Joli, août 2016
« Juste être là et vivre quelque chose avec un humain si loin et si près de nous ». Bernard Paquet.
Le souffle du Nord aura déferlé durant la Biennale de la sculpture du 21 au 24 juillet. Espérons que cette occasion de « savoirs partagés » entre le Nord et le Sud, entre la tradition établie et l’art contemporain, aura permis d’ébranler nos certitudes et préjugés afin de mieux se connaître, se comprendre et se respecter.
Le 15 juillet, c’était le vernissage, au Musée de la mémoire vivante de l’exposition « Sculptures» composée des œuvres d’art traditionnel Inuit du doyen de la Biennale, Lucassie Echalook et de l’installation sonore de l’artiste céramiste Marie Côté sur cette expression vocale fascinante, qu’est le chant de gorge inuit (katajjanik). Témoin de ce qu’il observe, depuis plus de 50 ans, Lucassie Echalook grave dans la stéatite, les activités courantes, de brèves histoires de la vie des Inuits ; pour les hommes : chasse avec chien, à l’ours polaire, capture de loutre, de phoque, construction d’un igloo, port des prises sur le dos… pour les femmes : partage de la nourriture entre la mère et son enfant, capture de poisson, fille qui toilette sa mère, port des enfants, mâchage d’une peau qui servira de semelle pour des kamiks (bottes faites de peau de phoque)… Une quinzaine d’œuvres sont exposées.
À l’étage du musée, une vidéo filmée lors de l’événement « Voix d’argile » présentée au Musée des beaux-arts de Montréal, à l’automne 2015, est installée. Nous y voyons et entendons deux jeunes Inuits, Lysa et Laura Iqaluk, s’exécuter au chant de gorge, accompagnées des battements du percussionniste iranien Ziya Tabassian. Dans les bols de céramique ou de porcelaine qu’elle a façonnés, Marie Côté fait résonner ces chants du territoire arctique. En janvier 2014, le chant de gorge, cette tradition presque exclusivement féminine et qui relève du domaine des traditions et expressions orales, fut le premier élément désigné au patrimoine immatériel du Québec.
Photo: Matrice en cèdre, réalisée par Bernard Paquet de Compton, à partir d’une sculpture en pierre de stéatite du sculpteur Lucassie Echalook, d’Inukjuak, sur les bords de la Baie d’Hudson, » une mère et son enfant » représente bien l’esprit de la Biennale, la rencontre du nord et du sud. Elle est installée devant le Musée de la mémoire vivante et fait partie de l’exposition « Sculptures » jusqu’au 22 août. Dans le cadre de l’intégration des arts à l’architecture, l’œuvre agrandie, en métal, sera au Centre de réadaptation pour jeunes filles d’Inijuak, Nunavik.