Élisabeth Caron-Sergerie
Quelques analogies et un peu d’histoire…
Le numérique et l’usage des différentes technologies restent encore relativement obscurs pour un grand nombre d’individus. La notion de Révolution numérique n’est apparue que très récemment dans notre vocabulaire. Sa symbolique semble équivaloir à celle de l’invention de l’imprimerie par Gutenberg ou de la Révolution industrielle.
Dans le contexte de ce « mémo numérique », les analogies avec certains événements historiques peuvent sembler extravagantes, voire futiles, mais elles ne le sont pas. En effet, les modes de pensée, les modèles d’affaires et les habitudes de vie des gens ont évolué en fonction de l’industrialisation ainsi que de l’avènement de l’imprimerie et de l’ouverture au monde qui l’accompagnait.
Dans cet ordre d’idée, vous avez sûrement déjà remarqué que la révolution numérique a des répercussions comparables à celles énoncées un peu plus haut. Dans le milieu du travail, les entreprises investissent dans les technologies pour être en avance sur leurs compétiteurs et ainsi accroître leurs profits. Plusieurs pays adoptent des politiques pour aider la transformation numérique de leurs gouvernements et institutions culturelles.
À titre d’exemple, l’Australie s’est donné comme mandat de rester à la pointe des changements numériques et de livrer des changements rapides et optimaux. Cette volonté d’autonomie, d’efficacité et de découvrabilité des contenus a été amorcée chez nous, dans les milieux de la culture et des communications en 2014 avec le Plan culturel numérique du Québec.
Présence numérique : anticiper la nouveauté pour rejoindre les nouvelles générations.
Dans ce deuxième « mémo numérique », nous allons vous montrer qu’une transformation numérique, si minime soit-elle, peut être à l’avantage de celui ou de celle qui en est l’instigateur ou l’instigatrice. Il va de soi que le numérique ne remplacera pas la version physique de votre média écrit dans l’immédiat. Il faut plutôt voir votre présence sur le web et sur les réseaux sociaux comme complémentaire à vos démarches actuelles. Une des idées de ce texte est de vous sensibiliser à l’évolution rapide des technologies. Celles-ci sont indispensables si vous désirez attirer un public plus jeune.
Dans cette mesure, se renseigner sur les nouvelles tendances technologiques peut vous aider à mieux cerner votre lectorat. En sachant sur quelles plateformes celui-ci se retrouve, vous pourrez développer une stratégie de publication permettant d’accroître votre visibilité.
Plusieurs experts du numérique ont donné leurs prédictions sur les tendances à venir en 2020. Ils ont ainsi annoncé qu’Instagram est maintenant autant utilisé par les générations plus âgées que par les milléniaux et la génération Z. Dans un certain sens, les plateformes numériques aident à diminuer le gouffre entre les différentes générations. Il est possible qu’en assurant une présence de votre journal sur certaines plateformes sociales, vous augmentiez vos chances de rejoindre plus facilement les jeunes de votre communauté.
Dans un autre ordre d’idée, vous aurez probablement remarqué que la vidéo est maintenant le contenu dominant d’internet. Les créateurs de nouvelles plateformes comme TikTok ont conçu celles-ci en fonction de cet état de fait. Vous verrez aussi que les réseaux sociaux déjà existants comme Facebook et Instagram s’ajustent à cette réalité en ajoutant constamment de nouvelles fonctionnalités.
Certains qualifient les jeunes d’aujourd’hui de « génération visuelle ». Manifestement, le format photo ou vidéo a un réel impact dans leurs vies et dans la nôtre également. Les modèles d’affaires sont entièrement repensés en ce sens.
Ne vous inquiétez pas, de petits gestes de votre part peuvent vous amener à rejoindre ces générations connectées. Vous aurez la chance, si vous le désirez, de participer à un atelier sur la création et l’utilisation d’un compte Instagram au prochain congrès de l’AMECQ à Saint-Jean-sur-Richelieu.
En attendant, voici quelques idées pour vous aider à attirer les jeunes générations :
- Assurez une présence sur plus d’une plateforme numérique pour atteindre le plus de gens possible avec votre journal;
- Essayez d’utiliser des photos et des vidéos pour alimenter vos médias sociaux;
- Informez-vous sur les nouvelles tendances technologiques utiles pour vous et votre journal.
Traditions et innovations
Il va de soi que les transformations numériques sont inquiétantes. L’attachement aux valeurs et aux traditions subsiste autant en culture qu’en communication. Les gens tiennent à leurs journaux papier et aux formats tangibles des produits culturels qu’ils désirent consommer. Cela dit, il serait intéressant, dans un proche avenir, de découvrir le mélange parfait entre tradition et innovation, sans avoir à redéfinir l’intention première de votre journal ou à brusquer vos lecteurs.
Les versions papier sont toujours d’actualité. Elles constituent un bon moyen de conserver l’engagement de vos lecteurs. En effet, les gens ont tendance à se raccrocher davantage à leur livre ainsi qu’à leurs journaux plutôt qu’à leurs équivalents numériques. L’autonomie du lecteur, l’intemporalité du médium, l’expérience sensorielle et la plus grande rétention mémorielle qui entourent la lecture sur format papier peuvent être des arguments de taille contre la lecture sur des formats numériques.
L’article écrit par Mélanie Loiselle « Lires sur du papier pour mieux comprendre », paru dans Le Devoir en août 2014, apporte une idée intéressante basée sur des recherches de l’Université de Stavanger en Norvège. Si l’on considère que l’univers numérique a considérablement changé depuis 2014, croyez-vous que les propos suivants sont toujours d’actualité ?
« Selon les scientifiques, la texture, l’odeur, l’épaisseur, la couverture et la quatrième de couverture d’un livre permettent aux lecteurs d’établir une meilleure « carte mentale du texte », ce qui facilite leur compréhension. Des recherches précédentes avaient d’ailleurs démontré que plus un texte est long, plus la carte mentale est importante[1]. »
L’engagement de vos lecteurs est primordial et le format physique reste votre meilleur allié. Toutefois, si vous voulez rejoindre une clientèle plus jeune, ce qui est un enjeu important pour plusieurs d’entre vous, il est vivement suggéré que votre média écrit ait une vitrine sur le web.
L’idée derrière ce deuxième « mémo numérique » n’était pas de savoir qui ressort le grand gagnant entre les formats physiques et numériques, mais plutôt de vous montrer que l’un est le complément de l’autre.
[1] Loisel, Mélanie, « Lire sur du papier pour mieux comprendre », Le Devoir, 16 août 2014. URL : https://www.ledevoir.com/culture/416089/lire-sur-du-papier-pour-mieux-comprendre