Yvan Noé Girouard
Qui n’a pas joué, étant enfant, à ce jeu qui se joue avec les mains : Roche, ciseaux, papier ! La roche cassant les ciseaux, les ciseaux coupant le papier, le papier enveloppant la roche. Et maintenant, il faut ajouter le Web. Le Web est-il en train de tuer les journaux « papier » ?
L’Association des médias écrits communautaires du Québec existe depuis bientôt 38 ans. Elle en est à un tournant. En fait, elle ne sera jamais plus ce qu’elle a été : un organisme de regroupement visant à assurer un service de soutien et de formation à ses membres.
Sans crier garde, le ministère de la Culture et des Communications, change les règles du jeu en imposant de nouveaux paramètres pour l’attribution de la subvention aux organismes de regroupements en créant le PAFOR (Programme d’aide au fonctionnement des organismes de regroupements). Excusez-moi le mauvais jeu de mots, mais avouons tout de même que ce n’est « pas fort » comme nom de programme.
Dans les faits, cela représente une diminution possible de notre subvention. Ces nouvelles règles sont arrivées comme un cheveu sur la soupe au moment de la demande de renouvellement en mai dernier. Les nouveaux formulaires sont forcément conçus par des fonctionnaires qui n’ont aucune idée de ce que sont et font les trois associations de médias communautaires (radios, télés et médias écrits. Les critères d’évaluation semblent basés sur les regroupements d’organismes du milieu culturel.
Ce n’est pas tout : on nous demande d’en faire plus avec moins. Faire plus de concertation à l’extérieur de notre membership. Mais surtout, en faire plus sur le Web. Le numérique n’est plus considéré comme un moyen pour atteindre nos objectifs, mais comme un objectif en soi, un objectif qui prendra désormais toute la place. On nous impose le virage numérique.
Il y a un certain illogisme dans tout ça. Alors qu’on nous annonce une subvention de 400 000 $ répartie sur deux ans entre les trois associations, on annonce de plus un montant de 45 000 $ par année pendant trois ans pour chacune des trois associations pour l’embauche d’un agent de développement numérique. D’un bord, on coupe dans le soutien à la mission ; de l’autre, on dépense sans compter dans des besoins créés de toutes pièces.
L’AMECQ aura des choix douloureux à faire : couper dans son personnel et couper dans ses activités et ses services de formation aux membres, revoir même sa mission. Le numérique à tout prix !