Les visites régionales

Du Journal Le Stéphanois
De gauche à droite : Yvan Noé Girouard de l’AMECQ; Amina Chaffai, présidente; René-J Lemire, secrétaire; René Grenier, administrateur et Claude Granger, trésorier

 

Du 18 au 26 septembre 2017,  dans le cadre de la tournée « Parlez-nous de vous », amorcée il y a deux ans, le directeur général de l’AMECQ a rencontré les responsables des journaux du Saguenay / Lac-Saint-Jean et de la Mauricie pour y recueillir leurs impressions.

Les journaux suivants ont été visités : La Vie d’ici; Le Brunois; Le Lien; D’Un lac à l’autre; Le Stéphanois; Le Bulletin des Chenaux; Le Bulletin des premiers quartiers et La Gazette de la Mauricie. Pour deux de ces rencontres, à Trois-Rivières,  le directeur général était accompagné du président de l’AMECQ, François Beaudreau. Voici le résumé de ces rencontres traçant le portrait de ces journaux et décrivant leur perception de l’AMECQ.

 

Membership et AGA

Le recrutement des membres des journaux se fait généralement par des annonces dans la publication et lors de leur AGA, par le bouche-à-oreille ou encore par Facebook. Le membership des journaux rencontrés varie de 10 à 282 membres. Le coût d’une « carte de membre » varie entre 0 $ et 5 $ par année en passant par une « carte à vie » de 2 $.

Les membres sont convoqués à l’AGA par téléphone, par Facebook et par courriel. En moyenne, de 4 à 15 personnes assistent à l’AGA. Les annonces pour l’AGA se font au moins un mois à l’avance dans le journal, par courrier, par Facebook, par courriel, par téléphone ou encore par des annonces dans les organismes membres.

 

Le CA et les bénévoles

La composition des CA varie de 5 à 7 personnes selon les journaux. Pour certains d’entre eux, il est facile de renouveler leur CA; pour d’autres, ce n’est pas une tâche facile. Dans certains journaux, pour qu’une personne puisse être membre du CA, elle doit s’impliquer dans la production ou la gestion du journal. Dans tous les cas, les relations entre le CA et les bénévoles ou les employés sont excellentes. De plus, on constate, de façon générale, que les membres du CA des journaux communautaires sont aussi impliqués dans d’autres organismes.

Le nombre de bénévoles varie grandement d’un journal à l’autre. Il peut y avoir de 2 à 30 bénévoles qui participent à la production d’un numéro. Dans certains cas, la rédaction du journal repose sur une ou deux personnes qui ne sont pas aidées par des bénévoles. Ce sont plutôt les organismes communautaires qui collaborent avec elles en leur faisant parvenir des articles. Dans ce cas, ceux qui écrivent représentent leurs organismes. On retrouve surtout des bénévoles à la correction, à la rédaction de chroniques et à la distribution. Le nombre d’heures de bénévolat par publication pour une personne peut aller de 30 minutes à 30 heures.

La principale difficulté liée aux bénévoles est leur recrutement. De plus, on perçoit souvent un manque de mobilisation chez les bénévoles. Une autre difficulté liée aux bénévoles est le fait qu’ils ne saisissent pas toujours la nature du journal; il faudrait un encadrement en ce sens. Dans tous les journaux rencontrés, il n’y a aucune formation offerte aux bénévoles ou aux employés, ce qui constitue certainement une lacune.

À peu près tous les journaux rencontrés organisent des soirées de reconnaissance des bénévoles. Les formules varient : un repas de tourtière pour les bénévoles ; un repas de tourtière dans le temps des fêtes pour les bénévoles et leurs conjoints; une épluchette de blé d’Inde;  un souper de saucisses européennes. Dans l’un des journaux, l’événement de reconnaissance a lieu lors de l’AGA, ce qui permet d’en augmenter le nombre de participants. Dans un autre cas, on présente, lors de l’AGA, un PowerPoint avec des photos des bénévoles afin de souligner leur engagement. Un journal a également mentionné qu’il souligne le mois des bénévoles en avril.

 

Organisation physique du journal

Dans pratiquement tous les cas, les journaux jouissent d’un local fourni par la municipalité ou encore loué à faible coût par un organisme communautaire. Dans deux cas, le bureau du journal situé dans la résidence du coordonnateur ou de la coordonnatrice. Dans la plupart des cas, les journaux possèdent un ou deux ordinateurs, une imprimante, et un appareil photo. La distribution se fait en général par la poste ou par publi-sac sauf dans un cas où le journal se retrouve seulement dans des présentoirs. On utilise davantage Internet et Facebook qu’avant pour faire connaître le journal.

 

Le contenu du journal

Le pourcentage d’information locale varie de 85 % à 100 % chez les journaux rencontrés. On y trouve 50 % de textes originaux et 50 % de textes provenant d’organismes du milieu. Notons qu’il y a très peu de textes d’opinion (à l’exception des chroniques); les journaux préfèrent ne pas créer de polémiques. Dans presque tous les cas, le journal se veut apolitique; on y suit rigoureusement les règlements de la corporation. Un seul journal se dit être un journal engagé.

 

Financement du journal

Pour la moitié des journaux rencontrés, la situation financière est stable. Pour l’autre moitié, il y a eu diminution du budget en raison de la baisse de publicité gouvernementale ou, dans un des journaux, en raison d’une coupure dans la contribution de la municipalité. Dans un seul cas, la situation financière est en progression depuis trois ans.

Dans le cas d’un des journaux, le MCC finance 30 % à 40 % de son budget. Cela représente jusqu’à 60 % du chiffre d’affaires. Dans un autre cas, comme le journal n’est pas reconnu, la contribution financière du ministère est de 0 %; ce journal se finance donc à 70 % par les publicités locales et reçoit 30 % de son budget de la municipalité. En moyenne, la vente de publicités locales représente de 20 à 30 % des revenus. Au cours de la dernière année, la publicité gouvernementale a représenté à peine 1 % des revenus. Il y a une grande insatisfaction de ce côté. En général, d’autres revenus provenant d’activités d’autofinancement ou de contributions de la municipalité peuvent varier de 5 % à 30 %.

 

L’équipe du journal D’Un lac à l’Autre; De gauche à droite : Nadine Paradis, trésorière; Jacques Desbiens, président; Yvan Noé Girouard de l’AMECQ; Danielle Tremblay, designer graphiste; Jo-Ann Munger, secrétaire et Hélène Lapointe, vice-présidente. (photo Lise Marcoux

 

 

Subventions du MCC

Concernant les demandes de subvention au MCC, les perceptions sont partagées : la moitié des journaux rencontrés disent n’avoir aucun problème avec Di@spason et le plan d’action demandé. Pour l’autre moitié, on trouve Di@pason compliqué et redondant. Le plan d’action demandé doit être axé sur les nouveautés. Le problème est que les activités des journaux sont répétitives. Leur seul objectif devrait être de réussir à publier de nouvelles éditions. Il faudrait donc que le ministère simplifie les demandes de subvention pour les mettre à la portée de tous. Des suggestions ont aussi été faites afin qu’une partie de la subvention puisse être accordée pour les salaires. On suggère également que le financement du MCC soit distribué tous les mois. Cependant, tous les journaux s’accordent pour dire que, s’il n’y avait plus de financement de la part du MCC, cela sonnerait l’heure de leur fermeture.

 

Autofinancement

Certains journaux font preuve d’imagination pour l’autofinancement. Ainsi, une fois par année, en octobre, pour l’un des journaux, une quarantaine de bénévoles passent de maison en maison pour recueillir des fonds. Ils en profitent également pour faire du recrutement. Un autre journal fait tirer une tablette d’une valeur de 350 $ donnée par un commerçant de la région, en pigeant le gagnant parmi les donateurs du journal. Dans un autre cas, on fait un blitz de vente de cartes de membre après en avoir informé les citoyens par les petites annonces du journal, par sollicitation directe ou par Internet. Les membres du CA s’impliquent aussi dans des activités comme la préparation d’une soirée-bénéfice où un humoriste était en vedette (225 billets ont été vendus).

 

L’avenir du journal

En général, on pense qu’il restera moins de journaux papier dans 10 ans ; on craint même que les journaux papier disparaissent. Les journaux rencontrés sont inquiets pour leur avenir en raison des pertes de commanditaires attribuables au virage Web. Le Web inquiète les journaux communautaires, car ce n’est pas tous leurs lecteurs qui consultent Internet ou possèdent un ordinateur. Les lecteurs plus âgés, qui sont les plus assidus, ne suivent pas le virage et les annonceurs n’ont pas d’argent pour le Web. Le virage Web est nécessaire, mais les revenus que les journaux peuvent en tirer sont faibles. L’autre principale source d’inquiétude est le manque de relève. Par exemple, si le coordonnateur d’un journal quitte ses fonctions, il n’y a parfois personne pour le remplacer.

S’il n’y a pas de volonté politique de la part du MCC, il n’y aura plus de journaux communautaires. Ce sont les journaux près des grands centres qui sont les plus vulnérables : ceux des régions éloignées sont plus aptes à servir leurs populations. Les journaux communautaires doivent continuer d’être un service de proximité et il est primordial qu’ils prennent de plus en plus de place et soient davantage reconnus.

 

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Mission de l’AMECQ 

Les journaux perçoivent l’AMECQ comme étant une association qui offre des services de soutien et de formation à ses membres. Elle est une courroie de transmission; elle représente les membres; elle offre des services de publicité; elle offre des outils de travail; elle diffuse de l’information. L’Association est là pour aider les journaux communautaires, les encadrer, les guider, les représenter; les regrouper. L’AMECQ doit exercer des pressions auprès du gouvernement pour aller chercher du financement. L’AMECQ doit défendre les intérêts des membres auprès des instances gouvernementales. Tous les journaux rencontrés soulignent l’importance d’un tel regroupement.

 

Services les plus utilisés

Les services de l’AMECQ les plus utilisés sont le tirage certifié et la publicité gouvernementale. Viennent ensuite la formation offerte lors des congrès, puis l’AMECQdote et les articles des journaux publiés sur le site de l’association. À l’occasion, les journaux disent également consulter les documents de formation de l’AMECQ.

 

Attentes envers l’Association

Les attentes envers l’AMECQ sont variées. Voici quelques actions ou services que les journaux membres aimeraient voir mis en oeuvre : exercer des pressions pour que le MCC modernise ses formulaires de demande de subvention; effectuer une étude sur le lectorat; voir à l’augmentation des ventes de publicité gouvernementale; publier de nouveau l’AMECQdote en version papier; obtenir des tarifs préférentiels pour les assurances responsabilité. L’AMECQ devrait mettre sur pied un comité de survie dans les régions, mieux cibler les besoins des journaux et travailler à changer l’image des journaux communautaires afin qu’ils ne soient plus perçus comme une classe inférieure parmi les médias. En somme, il s’agit de prouver que les journaux communautaires sont forts en tant qu’entreprises d’économie sociale. Les membres ne connaissent pas leur délégué régional au conseil d’administration de l’AMECQ et les journaux communautaires d’une même région n’entretiennent pas vraiment de liens entre eux. Les relations entre le délégué régional et les membres de sa région devront donc s’améliorer.

 

Participation au congrès

Le congrès n’est pas jugé primordial par tous les membres. Quelques journaux ne sont pas au courant de l’existence d’une aide pour les frais de déplacement. Les journaux trouvent que le congrès est important, mais qu’il n’est pas nécessaire d’y envoyer des représentants chaque année. Le congrès est trop dispendieux pour les journaux qui ont peu de ressources financières.

Selon les journaux rencontrés, les sujets qui devraient être abordés lors des prochains congrès sont le numérique, la rédaction et les règles typographiques. On aimerait aussi qu’une période d’échange entre médias soit organisée. On voudrait que les conférences offertes au congrès soient disponibles en format vidéo pour ceux qui ne peuvent y assister. De plus, on voudrait que de la documentation papier soit produite à la suite de chaque atelier.

On voudrait une reconnaissance accrue des petits journaux aux prix de l’AMECQ, car on remarque un déséquilibre entre les récompenses dédiées aux bénévoles et celles que reçoivent les journalistes professionnels. On demande d’avertir les personnes qui sont en nomination pour les Prix de l’AMECQ avant le congrès et de nommer tous les sélectionnés lors de la remise des Prix, du moins de faire apparaître leur nom sur un écran.

 

En conclusion : fierté et défis

La plus grande fierté des journaux est d’avoir réussi à survivre pendant autant d’années, certains depuis 40 ans. On est fier que les lecteurs apprécient les journaux communautaires tant pour leur mise en page, la qualité du français, la régularité de parution, les pages en couleur, la qualité du contenu des articles et l’ajout de nouvelles chroniques.

Plusieurs défis attendent les journaux communautaires : se renouveler constamment, recruter la relève; mobiliser les bénévoles; trouver de nouveaux rédacteurs et chroniqueurs; ajouter des pages couleur; prendre le virage Web; développer le financement; augmenter la présence du journal sur Facebook; développer le lectorat et aller chercher les moins de 30 ans comme lecteurs; augmenter les ventes de publicité afin de rentabiliser le journal; être en mesure d’engager et de payer de nouveaux employés et d’augmenter le salaire de ceux qui sont déjà là.

En fait, le plus grand défi pour tous les journaux est de pouvoir continuer à publier.