Par François Beaudreau
Pour éviter de sombres lendemains à la production et à la diffusion d’une information de qualité, nous devons tester de nouveaux modèles d’affaires. Maintenant.
Les Québécois disposent d’un atout : la confiance du public envers l’information produite par les médias demeure solide. Une nouvelle enquête du Centre d’études sur les médias et de la firme de sondage CROP abonde dans ce sens.
Selon un sondage mené auprès de 1000 personnes, pas moins de 83 % des répondants affirment avoir « assez ou très confiance » envers les médias de nouvelles et d’informations en général, selon ce que rapporte Judith Desmeules dans l’édition du quotidien Le Soleil du 4 novembre dernier.
Pour la majorité des médias nord-américains, la production d’information repose sur le modèle d’affaires de l’entreprise privée.
Or, les annonceurs, eux, ne sont plus au rendez-vous. Les revenus publicitaires, essentiels à la survie des médias d’information traditionnels, sont en chute libre depuis plusieurs années. Le contexte actuel en est un d’érosion des revenus. Aujourd’hui, investisseurs et publicitaires tournent le dos aux médias traditionnels au profit des plates-formes numériques.
Devant cet état de fait, les gouvernements proposent un train de mesures de soutien qui inclut, en guise de locomotive, un crédit d’impôt sur la masse salariale des employés des salles de rédaction.
Les initiatives des gouvernements sont inspirées des mesures habituelles pour soutenir les entreprises privées. Elles sont certainement salutaires pour sauver des emplois, mais il s’agit de mesures transitoires. Elles reposent sur une vision à court terme, qui contourne le problème auquel sont confrontés les médias traditionnels, soit le déplacement des revenus publicitaires au profit de diffuseurs comme Google et les autres géants du numérique.
Il faut aller plus loin, beaucoup plus loin. Il faut aller jusqu’à repenser – voire réinventer – nos modèles d’affaires pour soutenir la production d’information. Ne ménageons pas notre audace pour assurer la survie de l’information de qualité produite au Québec. D’abord, cela implique de soutenir, sur une base transitoire, les entreprises médiatiques traditionnelles qui produisent de l’information. Ensuite, il faudra appuyer les efforts des médias pour développer de nouveaux publics, notamment les jeunes. Enfin, il serait bienvenu de subventionner un programme de recherche universitaire destiné expressément à la création de nouveaux modèles pour soutenir la production de l’information.