Jean-Pierre Lamonde, Au fil de La Boyer, Saint-Charles-de-Bellechasse, mars 2017
Le 1er février 1987, non seulement Saint-Charles avait 235 ans, mais paraissait le premier numéro du volume 1 d’un journal communautaire appelé provisoirement Le journal de St-Charles et dont le titre avait été dessiné par la jeune Suzanne Gonthier. À la première page, Robert Fleury annonçait : «Saint-Charles a enfin son journal communautaire… qui vous informera dans la mesure où vous y participerez.» En page 2 et 3, je souhaitais longue vie à cette initiative et on trouvait aussi de courts articles qui invitaient les citoyens à collaborer à divers projets d’écriture. Le journal se disait à la recherche d’un nom. Plus loin, un article faisait la promotion d’une garderie qu’un groupe de jeunes parents s’affairait à mettre sur pieds. En 1987, il y avait deux municipalités à Saint-Charles. Jacques Michaud, qui proposera le nom Au fil de La Boyer pour le journal communautaire, écrivit, dans ce premier numéro, un article sur Jacques Labrie, un fils de chez nous qui venait de donner son nom à la bibliothèque locale. C’était le début de l’aventure.
Cette initiative, comme bien d’autres à Saint-Charles, fut le fruit de l’initiative de personnes qui savaient que le développement de leur milieu était aussi de leur responsabilité. Alors, il y eut mobilisation. Le journal aurait pu naître autrement, mais c’est un groupe de personnes du Club Richelieu de Saint-Charles qui prit l’initiative de réunir des gens intéressés à la création de La Boyer. Les réunions de fondation eurent lieu chez Jacques Michaud. On y retrouvait, outre notre hôte, Robert Fleury, André Marquis, Jacques McIsaac, Denis Létourneau, Michel Girard, Jean-Marc Dumas et l’auteur de ces lignes, qui se retrouva rapidement directeur du journal.
Trente ans de continuité pour une organisation bénévole nécessitant autant d’énergie, je trouve cela tout simplement exceptionnel. À ce jour, environ 300 éditions de ce journal ont été publiées. Des milliers d’heures ont été données pour le préparer, l’écrire, le corriger, le monter et le faire paraître. Des conseils d’administration s’y sont succédé, des comités de publication s’y sont renouvelés, des auteurs y ont défilé. Il y a une personne à laquelle nous pensons souvent; elle symbolise la constance des bénévoles, elle a traversé les décennies en étant toujours présente au journal : Suzanne Bonneau.
L’équipe de Louis-Denis Létourneau l’avait honorée, à l’occasion du 20e anniversaire du journal, en donnant son nom au local du journal. Mais combien d’autres, comme Roger Patry par exemple, mériteraient que leur nom soit gravé quelque part en souvenir du temps donné ? Bravo à tous les Robert, Roger, Louise Audrey et Suzanne de ce coin de pays.Qu’est-ce qui peut motiver les gens à poursuivre l’aventure de publier un journal communautaire, alors que les Facebook de ce monde sont censés répondre à tous les besoins ? Le credo de départ, encore valable aujourd’hui : un citoyen bien informé est un meilleur citoyen.