Vincent Di Candido et Carle Bergeron, Échos Montréal, juillet 2011
Tandis que s'amorce la période estivale, Échos a voulu faire le point, en rencontre éditoriale, avec la ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre.
La rencontre s'est ouverte sur la question du financement des médias communautaires qui, dans le contexte actuel, alors que le plan triennal a été récemment suspendu par le ministère, demeure précaire. La ministre a tout d'abord nié l'avoir aboli ou mis de côté, disant au contraire l'avoir reconduit il y a peu, mais il semblerait qu'il y ait eu confusion sur les termes employés.
Valérie Rodrigue, du cabinet de la ministre, a précisé après l'entretien : « La subvention a été reconduite pour cette année, mais pas le plan triennal en tant que tel. Cela dit, il n'est pas dans les intentions de la ministre d'abolir le programme, mais seulement de le réactualiser à la lumière des recommandations du rapport Payette, qui abordent notamment toute la question des nouvelles technologies. »
La ministre voudrait-elle, sous ce prétexte, abandonner progressivement le programme ? « Pas du tout », s'est défendue Mme St-Pierre. « Tout le monde devra mettre l'épaule à la roue, a-t-elle toutefois ajouté, car le financement est limité. »
Le programme d'aide au fonctionnement (PAF) est une composante importante du budget de plusieurs médias communautaires. En outre, selon le rapport Payette, seuls 3,2 % de la publicité gouvernementale sont acheminés aux médias communautaires, loin derrière le seuil de 4 % qu'est censé respecter l'État. La ministre se dit consciente de cette carence et assure qu'elle « fera les représentations nécessaires » pour corriger la situation.
L'adoption de la loi sur le patrimoine entravée
Lors de sa dernière entrevue avec Échos, en 2009, Mme St-Pierre avait expliqué les grandes lignes de la nouvelle loi sur le patrimoine qu'elle s'apprêtait à présenter à l'Assemblée nationale. Cette loi ambitieuse était vue comme le successeur de La loi sur les biens culturels, qui date de 1972, en élargissant la notion de patrimoine pour l'adapter aux critères contemporains sur le développement durable. Sur un plan plus politique, elle visait aussi à accorder aux municipalités plus d'autonomie dans leur politique de protection du patrimoine.
Ainsi, le patrimoine ne saurait plus se réduire au bâti, mais pourrait aussi inclure des paysages « immatériels » à préserver. Il prévoyait également la désignation des événements, des personnages et lieux historiques.
Près de deux ans plus tard, la loi n'a pas encore été adoptée. Et la ministre fulmine. Elle accuse le PQ de bloquer le processus parlementaire en alourdissant article par article la révision de la loi. « Vous pouvez me citer là-dessus : ils sont d'une mauvaise foi totale. » Car présenter un projet de loi n'est pas tout. Il faut aussi, après avoir terminé la consultation, le soumettre à l'étude détaillée à l'Assemblée nationale, tâche dont s'acquitte dans ce cas-ci la Commission de la culture et de l'éducation.
La consultation sur le projet de loi 82 s'est déroulée du 18 février au 9 juin 2008 dans une douzaine de villes, y compris les Premières Nations, et a recueilli, selon le ministère, 202 mémoires et 109 commentaires en ligne.