Mitra Thompson, Vues sur la Bourgogne, Montréal, été 2016
Après des années à l’abandon, un site patrimonial au cœur de la Petite-Bourgogne pourrait se transformer en projet de logement social sous peu. Le Bain Hushion, une ancienne piscine qui demeure fermée depuis 1988, lorsqu’un feu a détruit une grande partie de son intérieur, sera bientôt mis en vente par la Ville de Montréal.
Valérie De Gagné, responsable des communications à la ville, explique que le bâtiment situé au 757 Des Seigneurs n’est pas nécessaire à des fonctions municipales, alors «le service de gestion et de la planification immobilière de la Ville de Montréal projette de vendre l’immeuble au cours de la prochaine année.»
Le logement social représente l’usage potentiel favorisé par la Ville, soutenu par un grand défenseur, le maire de l’arrondissement Le Sud-Ouest, Benoit Dorais. Le maire Dorais souhaiterait du logement social «Le maire Dorais est un défenseur et un promoteur du logement social. C’est pourquoi il regarde d’abord dans cette direction,» affirme Marie Otis, directrice du cabinet du Maire. Étant donné que l’arrondissement a le dernier mot à dire sur l’utilisation du site, c’est une bonne nouvelle pour les défenseurs du logement abordable dans la Petite-Bourgogne.
L’arrondissement a pris contact avec Bâtir son Quartier, un groupe de ressources techniques qui soutient les organismes montréalais dans le développement du logement social et communautaire. Yann Omer-Kassin, agent de développement à Bâtir son Quartier, dit que l’organisme a reçu une invitation à soumettre un plan de développement pour le site, mais que le parcours sera long. «On ne peut rien promettre [aux gens qui attendent un logement social dans la Petite-Bourgogne] à cette étape-ci,» affirme toutefois Omer-Kassin, qui explique que la valeur patrimoniale du Bain Hushion rend plus complexe la planification.
Le Bain Hushion a été construit en 1914, à une époque où la ville souhaitait améliorer les piètres conditions sanitaires dans les quartiers ouvriers. Suite à trois décennies sans intervention, le bâtiment se trouve dans un état précaire. Une clôture lourde repose contre les murs; des graffitis recouvrent la porte d’entrée barrée par des briques. Mais le statut patrimonial du Bain exige qu’au moins une partie du bâtiment soit incorporée dans les futures habitations qui seraient construites sur le site.
«Nous ne savons pas en ce moment si l’arrondissement acceptera que nous démolissions le bâtiment puisqu’il est trop en mauvais état, ou s’il va exiger qu’il soit maintenu. Ça pourrait être le cadre de la porte principale, les linteaux, voire même la façade avant au complet. Tout dépend de la décision de l’arrondissement, ça va influencer le nombre d’unités de logement que [nous pourrions] faire dans ce bâtiment-là.,» dit Omer-Kassin.
De son côté, le Sud-Ouest avoue que le développement d’un projet de logement ne se fera pas du jour au lendemain. «Le caractère patrimonial du bâtiment et l’exiguïté du site amènent son lot de défis et nous devrons trouver des solutions créatives pour qu’un projet se concrétise,» selon Otis. La Petite-Bourgogne compte présentement environ 2000 unités de logement social, mais l’augmentation du prix des loyers fait monter la demande et il y a des listes d’attente pour de nouveaux logements.