Marie-Lise Rousseau, L’Itinéraire, Montréal, le 15 juillet 2010
Ça suffit les tickets ! En matière d’itinérance, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) désire passer du mode « répression » au mode « collaboration ». « Mieux connaître, pour mieux comprendre, pour mieux agir », voilà un des grands principes du nouveau partenariat avec le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne-Mance, qui a mené à la formation en janvier d’une équipe d’intervention constituée de deux policiers, d’un travailleur social et d’un infirmier.
La SPVM reconnaît en mettant en œuvre le projet ÉMRII (Équipe mobile de référence et d’intervention en itinérance) que l’intervention policière auprès des personnes en situation d’itinérance doit s’adapter à la réalité. « Donner 100 contraventions à un individu ne changera pas son comportement. Il faut faire un suivi avec ceux auprès de qui on intervient pour arriver à un résultat positif », affirme Denis Desroches, chef du Service à la communauté de la région Sud du SPVM.
Les quatre intervenants de l’équipe ÉMRII ne peuvent pas gérer les 10 000 appels que reçoit le 911 par année relativement à des cas d’itinérance. L’équipe cible plus particulièrement les comportements de 150 individus qui peuvent potentiellement menacer la sécurité publique. « En les accompagnant vers les ressources appropriées, on contribue à améliorer leur qualité de vie », soutient Denis Desroches.
La démarche porte fruit, selon le policier Laurent Dyke : « On a jamais eu autant d’itinérants qui viennent nous voir au poste 21 ! » Ce travail d’équipe permet par ailleurs au corps policier de la Ville de voir l’itinérance sous un nouvel œil. « On y découvre une tout autre réalité. Je n’aurais jamais cru qu’il était si compliqué de faire des démarches pour recevoir un chèque d’assistance sociale ou une carte d’assurance maladie ! » admet Laurent Dyke.
L’ÉMRII a beaucoup de pain sur la planche, ont prévenu certains organismes communautaires lors d’une rencontre entre l’équipe et les membres du Réseau d’aide aux personnes en situation d’itinérance (RAPSIM). Le projet n’est qu’en phase pilote et les effectifs risquent d’augmenter dans les mois à venir. « On doit rattraper ce qu’on aurait dû faire depuis dix ans », avoue Denis Desroches. Comme le dit le dicton : mieux vaut tard que jamais.
La philosophie employée ? La théorie des petits pas. « Il faut être patient et ne jamais baisser les bras, précise Laurent Dyke. Si un itinérant refuse notre aide aujourd’hui, nous retournerons le voir demain. S’il la refuse demain, nous viendrons à lui le surlendemain. » Cette approche permet de tisser tranquillement un lien de confiance avec l’individu en situation d’itinérance.