Des estampes exploratoires à l’Atelier de l’Île

Lyne Boulet, Le Sentier, Saint-Hippolyte, avril 2016

Une exposition d’estampes réalisées au cours d’une classe de maître se poursuit jusqu’au 30 avril à l’Atelier de l’Île à Val-David.

Olga Inès Magnano, graveure professionnelle qui a offert cette formation, préfère parler d’un atelier de recherche et production. Huit femmes y ont participé, parmi lesquelles certaines approchaient la gravure pour la première fois. D’autres étaient des artistes professionnelles. Pas une évidence pour Olga Inès d’offrir une classe à un groupe au bagage si diversifié, mais un défi qu’elle a pris plaisir à relever.

 

Deux Hippolytoises exposent

 

Les huit participantes ont accepté de présenter leur travail. L’exposition Monotypes est le résultat de cette démarche. Parmi elles se retrouvent deux Hippolytoises: Claudette Domingue, artiste établie et engagée bien connue et Jocelyne Cassagnol, notre collègue du Sentier qui a déjà exposé huiles et gravures à Saint-Hippolyte en 2007.

 

Technique de gravure: le monotype

 

« Le monotype, comme tout type de gravure, requiert une succession d’étapes et de façons de faire minutieuses » précise Jocelyne. Il faut apprendre à les maîtriser pour pouvoir créer. Jocelyne explique: « Le monotype, inventé au 17e siècle, est une estampe obtenue par un procédé non reproductible, donc une estampe unique. On imprime sur un papier pour gravure, préalablement déposé dans un bac d’eau durant trente minutes, puis égoutté et épongé. On utilise l’encre d’imprimerie à l’huile. On peint sur une plaque de zinc, de cuivre, de verre ou de plexiglas non gravée. On peut y ajouter des textures ou des pochoirs. Puis on passe sous presse le papier mouillé appliqué sur la plaque. Le réglage de la pression est très important. Trop de pression écraserait l’encre. Il faut trouver un certain équilibre entre la fluidité de l’encre et la pression de la presse. Le temps est compté. Le solvant de l’encre s’évaporant, elle sera plus sèche et les résultats, après le passage à la presse, deviendront plus aléatoires. Mais, conclut-elle, c’est bien sûr la créativité qui en fait toute la valeur ».

 

Les fleurs d’Émilie

 

Claudette Domingue s’est inspirée d’un dessin de fleurs d’une enfant de quatre ans, fleurs qu’elle a affectueusement appelées des émilies. Elle en a fait une série d’estampes: en ajoutant de nouveaux éléments à l’image résiduelle initiale, elle a créé une suite de variations. Claudette a également commencé une exploration sur le thème du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns.

 

Dépouillement et vulnérabilité

 

Jocelyne Cassagnol a, quant à elle, composé ses estampes à partir de quatre thèmes: les Étrusques, les femmes, les enfants et l’Afrique. Elle nous confie à propos de ses Étrusques: « Ces sculptures sont appelées Ombres du soir. Cette représentation antique de l’être humain me touche, en raison de son aspect dépouillé, vulnérable et réduit à l’essentiel. » On retrouve la même sobriété et la même sensibilité dans ses autres gravures.

 

L’Atelier de l’Île

 

L’Atelier de l’Île est un centre d’artistes autogéré axé sur l’estampe contemporaine. Fondé il y a plus de 40 ans, il regroupe une cinquantaine de membres, artistes professionnels en arts visuels. L’Atelier offre de l’équipement spécialisé pour la pratique de nombreuses techniques incluant l’eau-forte, la lithographie, la sérigraphie, le bois gravé, etc. L’Atelier était installé à ses débuts sur l’Île-des-Moulins d’où il tire son nom. Il s’est ensuite relocalisé au coeur du village, au 1289, rue Jean-Baptiste-Dufresne à Val-David. www.atelier.qc.ca

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