Rachel Grou, L’Attisée,
Saint-Jean-Port-Joli, avril 2016
Grand ménage (définition) : frénésie printanière ancestrale, voire atavique, consistant à tout laver de fond en comble, sale pas sale. Ladite frénésie (ou manie) se justifiait jadis par le chauffage au bois souvent équipé de tuyaux aux joints peu étanches laissant s’insinuer une insidieuse suie partout dans la maison (imaginez les poumons). De nos jours la même manie se justifie encore chez les fumeurs invétérés où les jolis rideaux de dentelle arborent en général une moins jolie teinte jaunâtre, sans compter l’odeur (imaginez les poumons).
Aujourd’hui je sors du placard et j’avoue : je ne fais pas de grand ménage. J’arrive tout juste à effectuer l’entretien régulier, alors… De toute façon, chez moi les critères susmentionnés ne sont pas rencontrés, je ne vois donc pas pourquoi je devrais , chaque printemps, laver murs et plafonds. D’ailleurs jamais nous n’y marchons avec des bottes crottées. Laver un plafond et devoir me faire des repères pour savoir où je suis rendue? Très peu pour moi! Laver la vaisselle de fantaisie qui n’a pas servi depuis belle lurette et qui aura le temps de s’empoussiérer avant la prochaine utilisation? Je la laverai quand j’en aurai besoin. Essuyer des tablettes exemptes de poussière parce que complètement recouvertes de serviettes ou autres effets? Ridicule!
J’appelle moyen ménage ce que je fais (que j’essaie de faire) chaque printemps. Je lave frigo et cuisinière; je les déplace ainsi que d’autres meubles afin de déloger les substances indésirables qu’ils cachent, je frotte les seuils, les tours de poignées de portes, le comptoir de cuisine et bien sûr la salle de bain. Bref, je lave ce qui en a besoin. Et si d’aventure je suis surprise par le temps qui passe trop vite et que les activités extérieures s’imposent avant que j’aie complété, eh bien je n’en fais pas une maladie. Tant pis! Ça se fera plus tard ou ça ne se fera pas.
Vous avez peut-être l’habitude de dire, lorsqu’on entre chez vous : Ne regarde pas le ménage! ou encore Excuse le désordre. Dites-vous bien ceci : de deux choses l’une, ou bien on ne l’a pas remarqué et vous le soulignez, ou bien on l’a vu et pas besoin d’en ajouter. Ma maison ne brille pas comme un sou neuf mais ma porte et mon cœur sont toujours ouverts. Alors comme le sage, je déclare : si vous voulez me voir, venez n’importe quand. Si c’est ma maison que vous voulez voir, appelez avant. Profitez du printemps et allez-y mollo sur la serpillière, la vie est courte!