Alexia Pitio, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, février 2016
Éducatrice spécialisée de formation, Kate travaille chez Sidaction Mauricie en tant qu’intervenante soutien auprès des personnes vivant avec le VIH, des consommateurs de drogues et des travailleuses du sexe. Si la représentation de genre est mixte dans les deux premières catégories, les femmes composent exclusivement la dernière. La clientèle de Kate est âgée de 18 à 70 ans.
Ses nombreuses interventions incluent la distribution de condoms, l’accompagnement, le dépistage et le soutien psychologique. Elle précise bien qu’il y a autant de situations différentes qu’il y a de personnes qui ont recours à ses services. Son travail est régulièrement l’occasion pour elle de découvrir la force humaine qui réside en chacune des personnes qu’elle rencontre.
Chez Sidaction Mauricie, c’est bien de travailleuses du sexe et non de prostituées dont on parle. La grande majorité des femmes qu’elle rencontre font ce métier par choix personnel. Selon Kate, « ce sont des femmes qui font face à des tonnes de difficultés chaque jour et malgré tout, elles sont animées d’une grande force intérieure et sont très résilientes. Parce qu’elles sont encore là ».
Une histoire de vie bien remplie et leur esprit combatif sont à peu près les seules choses que ces femmes ont en commun. Il n’y a pas de portrait type de la travailleuse du sexe. Dans la région, plusieurs d’entre elles sont à leur compte et leur sécurité est une préoccupation constante. Malgré les balises qu’elles se donnent afin de l’assurer, le risque n’est jamais complètement éliminé.
Selon Kate, la société en fait actuellement très peu pour venir en aide à ces femmes. La volonté de la communauté à contribuer à leur mieux-être par la mise en place de services adaptés à leurs besoins demeure vacillante. Ces femmes ont elles aussi des besoins et des rêves. Les gens de Sidaction Mauricie aimeraient être en mesure de leur offrir le soutien nécessaire pour leur permettre de répondre à leurs besoins de base tels que l’accès à un logement, la nourriture, la sécurité, un réseau de soutien, etc. Ces femmes sont tout comme nous en quête de sens, mais elles peuvent avoir besoin d’un soutien particulier pour prendre conscience de leur potentiel et arriver à se réaliser.
Comme nous l’avons mentionné, il n’y a pas de portrait type de la travailleuse du sexe. Elle peut être mère, femme accomplie ou vivre complètement en marge de la société. Dans ce dernier cas, l’isolement, les préjugés et la discrimination sont autant de barrières à la pleine réalisation de soi. Sommes- nous capables d’afficher l’ouverture et la solidarité nécessaires pour les inclure dans les diverses sphères de la société ? Nous devrions tous nous interroger sur notre propre ouverture à l’égard des gens qui ne correspondent pas à nos propres standards et qui perturbent nos valeurs.