Manon Thibodeau, L’Info, Saint-Élie-d’Orford, décembre 2015
J’écris ces mots alors que les Français ont subi des attentats effroyables voilà à peine quelques jours. Et en l’espace de quelques heures, les gestes de solidarité et de soutien ont afflué de partout dans le monde.
Plus près de nous, nous pouvions voir les monuments se colorer en bleu- blanc-rouge et par la magie des réseaux sociaux, un mouvement de communauté alors que les photos de pro l se sont marquées du drapeau français.
Comme tous, j’ai été bouleversée, choquée, apeurée des gestes commis en France. De constater l’organisation derrière ces attentats, je crois que c’est cet élément qui m’effraie le plus. Des gens se sont mobilisés, ont fait des réunions pour planifier la tuerie de centaines de personnes. Ironiquement, ça s’est bien passé pour nous puisqu’ils ont un peu raté leur coup au stade de France; selon les fils de presse, ils auraient tué moins de personnes que prévus. Ils n’auraient atteint qu’une seule personne que cela aurait été trop.
Ces tueurs, ces gens endoctrinés qui, à titre de kamikazes, sont envoyés pour faire le plus de mal possible, qui sont-ils vraiment? On veut croire que ce sont des bêtes, qu’ils n’ont aucune conscience, que pour eux, la vie ne représente rien. On voudrait pouvoir trancher entre le bien et le mal. C’est plus réconfortant que de croire que ces tueurs, ces gens endoctrinés sont peut-être bien complètement dépassés. Ils ont glissé, à un moment de leur vie, pour prendre une tangente de haine et de vengeance. Ils doivent appuyer leurs actions sur de grands principes, pour leur donner un sens. Ils dictent donc la religion, le droit de propriété d’un pays, le droit à la liberté. Et ils glissent de plus en plus en déformant et en détruisant tout ce qui les entoure dans le but ultime du pouvoir.
Je lisais des commentaires sur l’accueil à venir des réfugiés syriens, les pétitions pour qu’ils ne puissent venir au Canada. Et à mon tour, je me suis collée sur un grand principe : essayer de se mettre à la place des autres. Je pensais à tous ces Syriens, pris dans des camps, expatriés, effrayés à tous les jours, qui veulent sauver leurs enfants, leurs familles de ces barbaries. Je me disais, et si en Amérique il y avait un groupe de terroristes organisé, efficace, cruel, qui nous tient en otage et qui bombarde d’autres pays, est-ce que nous aimerions que les pays hôtes nous accueillent et surtout, qu’ils nous dissocient des assassins?
Tout le monde a peur. Mais peut-on les laisser agir sur notre peur au point de tourner le dos et de ne pas tendre la main vers leurs victimes?