Monique Pariseau, Le Sentier, Saint-Hippolyte, novembre 2015
C’est le 28 septembre 1985 que la garderie communautaire sans but lucratif L’Arche de Pierrot inaugurée et c’est le 15 octobre qu’elle a accueilli ses premiers enfants, dont cinq poupons. Le prix de garde était alors fixé à 12 $ par jour, ce qui était dans les normes de l’époque.
Il y a trente ans, six femmes, presque toutes dans la trentaine et que je qualifierais de remarquables, ont donné naissance à L’Arche de Pierrot. Si c’est Françoise Marceau qui a supervisé et unifié ce projet de longue haleine, Louise Leduc, Carole Doré, Monique Beauchamp, Johanne Brûlé et Micheline Last l’ont accompagnée pas à pas. Elles ont travaillé plus d’un an pour réussir à ce qu’une garderie située sur le chemin des Hauteurs fourmille de cris de joie, de babillements de poupons, de jeux suivis de siestes tout en douceur.
Début d’une grande aventure
Le survol qui aurait le pouvoir de raconter ce qu’a été cette grande aventure n’est pas facile à retracer, car cette volonté que nous avions de fonder une garderie s’est révélée une véritable montagne de Sisyphe, montagne que nous avons réussi à escalader tant par la force de notre détermination que par l’entraide du milieu, affirme Monique Beauchamp. Elles ont d’abord fait face à un premier obstacle. Alors que la majorité des garderies au Québec étaient aidées par les Caisses populaires, celle de Saint-Hippolyte a refusé, prétextant que c’était inutile puisque « quelques mamans » gardaient des enfants, et ce dans un milieu familial jugé plus sain que dans une garderie. C’est la banque Toronto Dominion qui a enfin accepté de leur accorder un prêt.
Des orientations et des normes à respecter
Ce que ces femmes ont réussi à échafauder et à réussir est étonnant. Les règles à observer pour que la garderie soit conforme étaient si nombreuses qu’il fallait des femmes de tête et de courage pour arriver à surmonter tous les obstacles. De tout petits comités ont alors été formés. Ils portaient sur l’organisation financière et sur les orientations pédagogiques, administratives, juridiques et sociales. Les normes imposées par le ministère de l’Habitation et des Coopératives internes devaient, de plus, être respectées. Ainsi des locaux allant d’une salle de motricité, d’une autre pour les jeux bruyants, de chambrettes éclairées et insonorisées pour les poupons à une petite salle de lecture et de musique ont été pensés et aménagés avec l’aide de l’architecte Louis Houde. Il fallait de plus s’assurer que le ratio moniteurs/enfants, que les menus équilibrés et contrôlés, qu’un système de sécurité pour le feu et qu’un terrain clôturé garantissent le bien-être des enfants.
La municipalité accorde un don de 10 000 $
Si l’Arche de Pierrot est encore animée et reçoit beaucoup plus d’enfants qu’en ’85, c’est aussi et surtout que ces six femmes ont eu l’intelligence et le pouvoir d’aller chercher l’aide monétaire du ministère des Loisirs, Chasse et Pêche, celle de la ville de Saint-Hippolyte qui leur a accordé un don de 10 000 $ pour l’achat du terrain alors que l’Office des services de garde à l’enfance, créé par le gouvernement Lévesque, leur octroyait aussi une subvention. Louise Leduc, l’une des fondatrices de l’Arche de Pierrot, souligne avec enthousiasme que ses enfants, maintenant dans la trentaine, gardent d’heureux souvenirs de leur passage à L’Arche de Pierrot que certains qualifient encore d’Arche du bonheur.