Dominique Gobeil, La Vie d’Ici, Shipshaw, mai 2015
Ce mois-ci, toute la population de la région est conviée aux premières conférences de l'Université populaire de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Ces évènements gratuits et dynamiques porteront sur des sujets variés pour redonner ses lettres de noblesse à l'éducation, qui se voit trop souvent réduite à de la simple formation.
Selon le porteur de cet intéressant projet, le vice-recteur à l'enseignement, à la recherche et à la création de l'UQAC Mustapha Fahmi, il y a une importante différence à faire entre la formation et l'éducation.
La première permet de développer des habiletés pour vivre adéquatement dans un système social. C'est l'usage qu'on fait des apprentissages dans les écoles québécoises. La deuxième va plus loin: le but n'est pas simplement de vivre, mais de «bien vivre» grâce aux connaissances supplémentaires acquises.
L'Université populaire découle d'ailleurs des préoccupations des enseignants, qui trouvent que les cours offerts sont trop spécialisés et ne permettent pas de développer la culture générale. Le vice-recteur a pris le dossier en mains en s'inspirant des étudiants du MAGE-UQAC durant la grève en 2012, qui avaient invité l'expert en littérature à donner une conférence.
«Une expérience passionnante», se remémore Mustapha Fahmi. «On veut que les gens partagent notre amour de la connaissance, car si elle n'est pas partagée, elle est inutile», fait part sa collègue, la professeure en sciences humaines Cylvie Claveau.
Il y a en effet dans notre société une tendance à voir l'éducation comme un moyen d'atteindre nos objectifs de carrière seulement. La vision de l'Université populaire se rapproche plutôt des racines humanistes de la Grèce antique, où l'éducation est perçue comme une manière d'occuper ses temps libres de façon noble, explique M. Fahmi.
Prenez un instant pour imaginer à quoi ressemblerait une société où les gens étudient pour le plaisir. Les citoyens seraient conscientisés. Les conversations porteraient sur des sujets scientifiques, culturels ou éthiques plutôt que sur le dernier buzz ridicule observé sur les médias sociaux. On lirait pacifiquement une œuvre philosophique au pied d'un arbre plutôt que d'envoyer des soldats au Moyen-Orient…
J'aperçois déjà certains de vos regards désapprobateurs en lisant ce texte. «C'est tellement plate, étudier et écouter des conférences!», vous dites-vous. C'est pourquoi je trouve le projet de l'Université populaire aussi brillant.
Grâce à la collaboration du comédien Éric Chalifour, qui assurera l'animation et la mise en scène des conférences, ces dernières ressembleront plus à des spectacles qu'à des discours ennuyeux d'universitaires. L'utilisation d'accessoires, de jeux de rôles, de sons et de lumières captera remarquablement bien l'intérêt de M. et Mme Tout-le-Monde.