Cliffs sous la protection des tribunaux : Des répercussions néfastes pour les entreprises locales

Guillaume Rosier, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 9 mars 2015

En plaçant le mois dernier ses installations minières du Lac Bloom sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, Cliffs Natural Resources fragilise certaines entreprises fermontoises.

En se plaçant sous la protection des tribunaux, Cliffs peut retarder le paiement de des factures jusqu'à la fin de la restructuration du Lac Bloom. Plusieurs entreprises ne seront donc pas payées à court terme, créant ainsi une pression financière considérable. À long terme, elles risquent également de ne pas recevoir les montants dûs dans leur intégralité ou même, de ne pas les recevoir du tout.

D'après une liste partielle des créanciers de Cliffs publiée par FTI Consulting, le montant dû aux entreprises qui possèdent leur adresse de facturation à Fermont s'élève à près de deux millions de dollars. Cette somme est multipliée par trois pour les entreprises de Labrador City et Wabush. Sur l'ensemble de la Côte-Nord, le montant s'élève à environ 40 millions de dollars.

Des PME de Fermont se retrouvent ainsi avec des factures impayées s'élevant à plusieurs dizaines de milliers de dollars. Joint par téléphone, le propriétaire d'une PME fermontoise désirant garder l'anonymat a affirmé que les impayés rendaient sa situation intenable. « Il n'y a pas seulement Cliffs qui nous doit de l'argent. Des sous-traitants de la minière nous doivent également des sommes importantes. Cela nous a mis K.O. Malgré les mesures que nous avons prises pour faire face aux impayés, nous risquons fort de mettre la clé sous la porte », s'est désolé le propriétaire, qui est persuadé qu'il ne verra jamais la couleur de son argent.

 

Des répercussions jusqu'au Saguenay

 

Plusieurs entreprises du Saguenay-Lac-Saint-Jean comptaient aussi parmi les fournisseurs de la mine du Lac Bloom. Cliffs Natural Resources aurait contracté des engagements avec des entreprises de cette région pour 919 000 dollars, selon une information relayée par Le Courrier du Saguenay.

« Tout doit être mis en œuvre pour aider ces entreprises et leurs travailleurs en cette période difficile », a déclaré le député de Chicoutimi et chef de l'opposition officielle, Stéphane Bédard.

 

Le comité d'urgence s'impatiente

 

Le comité d'urgence Cliffs, composé des principaux acteurs socioéconomiques de la Côte-Nord, empresse le gouvernement du Québec à utiliser le fonds de la Société du Plan Nord pour soutenir financièrement les entreprises de la région, alors qu'un ralentissement économique généralisé frappe de plein fouet la région et que de nombreux emplois disparraissent.

Le comité d'urgence a été créé lorsque Cliffs Natural Resources a annoncé la fin des activités de la mine du Lac Bloom, en novembre. Il est composé des villes de Fermont et de Sept-Îles, des chambres de commerce et des organisations corporatives de Port-Cartier et de Sept-Îles.

Aux dernières nouvelles, des compagnies asiatiques seraient intéressées par le rachat de la mine du Lac Bloom. Malgré la dépression des prix du fer, le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations, Jacques Daoust, avait déclaré le mois dernier que le gouvernement travaille fort pour trouver un ou des repreneurs, qui formeraient un consortium afin de redémarrer les opérations. Québec pourrait fort probablement apporter son soutien financier.

À son sommet, la mine du Lac Bloom employait près de 600 personnes. Seuls quelques dizaines d'employés ont pu conserver leur poste afin de veiller au maintien minimal des actifs.
 

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