Suzanne Tremblay, L’Action de l’Est, Rimouski, février 2015
Un rappel pour nous remettre en contexte… pendant la campagne électorale du printemps 2014, le chef du PLQ n’a eu de cesse de nous rappeler qu’il habitait une belle région et qu’il était prorégions. Ajouter à cela sa promesse de créer 250 000 emplois au cours des 5 prochaines années, la table était mise pour qu’une proportion suffisante de la population lui accorde sa confiance et ramène les libéraux au pouvoir.
Il forme son Cabinet. Aucun ministre n’est responsable des régions. Puis commence le concert des annonces de coupures, d’annulation de programmes, de report d’engagements de l’ancien gouvernement, etc. Rigueur oblige dans la visée de l’équilibre budgétaire en 2015-2016.
Ce n’est pas l’objectif qui est contesté. Ce sont les moyens pris et le temps imparti pour l’atteindre qui compromettent l’organisation sociétale que le Québec s’est donnée au cours des 40 dernières années. Une organisation qui permettait, entre autres, et dans une certaine mesure, de venir en aide aux plus démunis, de partager la richesse, de réduire les écarts entre les riches et les pauvres, de soutenir les familles et les aînéEs, de nous donner accès gratuitement à des soins de santé et de mettre de l’avant une éducation de qualité pour nous assurer la capacité de nous développer et de participer activement à l’économie du savoir.
Tout bascule : le gouvernement met de l’avant son régime d’AUSTÉRITÉ orchestré par le Président du Conseil du Trésor. Et, à l’évidence, ce sont surtout les régions qui en écopent. Comme le dit Daniel Côté, maire de Gaspé : c’est le plus petit, le plus faible qu’on écrase en lui faisant porter davantage le poids de l’austérité. Brigitte Breton dans son éditorial du 5 février écrit : Lorsque le gouvernement va jusqu’à éliminer un fonds de 55 M servant à des villages pauvres, à des municipalités « dévitalisées», il va trop loin. Pourtant, à son arrivée aux rênes du pouvoir, le PM avait promis de protéger les plus vulnérables. Que fait-il alors pour protéger ces 151 municipalités réparties sur l’ensemble du territoire québécois ?
En fait, que s’est-il passé depuis le 7 avril 2014 ? Les régions ont perdu leurs lieux de planification, de concertation et de décisions nécessaires à un développement adéquat de leur milieu. Par la fermeture des principales instances organisationnelles, les régions voient disparaître des services, de l’expertise, de bons emplois. Les régionaux sont des citoyenNEs à part entière. Ils refusent d’être perçuEs comme des partisanNEs du statu quo. Ils veulent être impliqués et participer démocratiquement aux décisions. Ils refusent de se voir imposer un plan suggéré par des mandarins de Québec ou de Montréal qui, pour la plupart, ignorent la réalité des régions.
L’autonomie des régionaux est en jeu. Ils veulent la défendre et la sauver.
Force est de reconnaître que le comportement du gouvernement à l’égard des régions pourrait avoir inspiré le Conseil du patronat de Montréal. Le 30 janvier dernier, dans le cadre de la commission parlementaire portant sur la Stratégie gouvernementale de développement durable, le Conseil est apparu sur nos radars à la vitesse grand V avec sa recommandation de réallouer une partie des budgets actuellement consacrée au maintien des municipalités dévitalisées vers des mesures facilitant la relocalisation des ménages qui y habitent. Les réactions ont fusé de toute part et le Président s’est rapidement et mollement rétracté. Le ministre Moreau s’est empressé d’affirmer qu’il ne retiendrait pas cette recommandation, même si le Fonds de soutien aux territoires dévitalisés avait été aboli. Ouf ! On l’a échappé belle, près de 50 ans après le BAEQ. C’est vrai qu’ils sont jeunes et loin des Opération Dignité I, II et III. Pour sa part, Josée Boileau écrivait dans Le Devoir du 3 février : tout cela démontre qu’entre l’indifférence gouvernementale et le tout à l’économie, les régions n’ont toujours pas leur place dans notre représentation du développement du Québec. Quelle erreur de perception, quelle étroitesse de projection.
Faut-il garder espoir ? Dans son discours d’ouverture de la 1re session de la 41e législature, le PM Philippe Couillard déclarait : Monsieur le Président, nos régions, nos milieux ruraux seront également synonymes de modernité. Nos paysages sont magnifiques et nous convions les Québécoises, Québécois, celles et ceux qui viendront d’ailleurs à les contempler. Mais au-delà de la carte postale, il y a des communautés, des familles qui y vivent, des jeunes qui veulent y revenir. Des régions qui, elles aussi, revendiquent leur part d’espoir. Restons vigilantEs… Je vous invite à vous joindre au mouvement TOUCHE PAS À MES RÉGIONS ! POUR LE DÉVELOPPEMENT ET LA VITALITÉ DU QUÉBEC. www.touchepasamesregions.ca