Marcel Lafleur : Quand vitalité rime avec bonté

Sandrine Dussart, Journaldesvoisns.com, Montréal, février 2015

Vétéran de la Seconde Guerre mondiale, enseignant et investigateur  doué, mécanicien à ses heures et papa comblé, Marcel Lafleur est une de ces forces tranquilles auprès de qui on se sent bien. Né en 1923, en Ontario, Marcel Lafleur grandit dans un milieu francophone, puis fait son cours classique à l’Université d’Ottawa. Passionné de grec et de latin, le jeune diplômé voit sa vie bousculée par l’arrivée de la Deuxième Guerre mondiale, et décide de s’enrôler dans l’aviation pour les Forces armées canadiennes.

Envoyé au Nouveau-Brunswick pour réaliser des travaux de main-d’oeuvre, Marcel Lafleur se retrouve ensuite en Angleterre pour suivre un cours de mécanique sur les moteurs d’avion. Sa formation terminée, il est transféré en Irlande, où il restera jusqu’à la fin du conflit.

« Je faisais l’entretien des hydravions qui allaient patrouiller sur l’Atlantique pour y détecter des sous-marins, raconte-t-il. Ce qui est drôle, c’est que lorsque je suis retourné à Londres au Musée de l’aviation, avec ma femme et mes enfants, j’ai revu les modèles sur lesquels j’avais travaillé! » Marcel Lafleur se souvient aussi avec émotion de son retour en Amérique sur le Queen Elizabeth.

«C’était le 24 décembre 1945. Nous étions 14 985 soldats à bord du paquebot. J’ai pu rapporter deux boîtes de chocolat que j’ai offertes à ma mère pour nos retrouvailles… Comme c’était une denrée rationnée, cela a eu de l’effet! », évoque-t-il.

 

Un nouveau départ

 

En 1946, Marcel Lafleur apprend la mécanique automobile. Peu après, il obtient sa permanence à l’École des Métiers de l’automobile de Montréal et s’installe au Québec. Marié et père de cinq enfants, il enseignera durant 19 ans. Puis, souhaitant relever un nouveau défi, il deviendra investigateur technique. « Quand un travail devient de la routine, je m’en vais! », affirme-t-il.

Est-ce cette fougue, cette curiosité intellectuelle et ce désir de se dépasser qui gardent Marcel Lafleur si jeune? À 92 ans, il vous dira en souriant qu’il n’a jamais pris officiellement sa retraite… Occupé et en pleine forme Établi à Ahuntsic depuis 1970, Marcel Lafleur vit toujours dans sa maison. Alerte, il y effectue les travaux d’entretien, cuisine, cultive son potager, taille ses haies, déneige son entrée… Il répare même les voitures de ses enfants et leur donne un coup de main dès qu’il en a l’occasion.

« J’ai l’habitude de travailler fort, et je me sens encore comme à 20 ans. La semaine dernière, je suis allé fendre du bois chez l’un de mes fils. De grosses bûches! », précise-t-il, ravi.

Marcel Lafleur possède également une maison de campagne près d’Ottawa. « À l’époque, je l’avais achetée 1 870 $, plus 10 cordes de bois! », souligne-t-il en riant. Durant la belle saison, il y passe la moitié de son temps, en compagnie de sa parenté.

 

Un homme de cœur

 

Proche de ses enfants, Marcel Lafleur apprécie ce va-et-vient d’amour entre sa famille et lui. Veuf depuis quelque temps, il fréquente le Centre Berthiaume-du Tremblay où il s’est fait des amis, qu’il retrouve chaque semaine. Dans ses temps libres, Marcel ne regarde pas la télévision. Il préfère se plonger dans la lecture d’une biographie ou d’un roman historique.D’une nature généreuse, il a été bénévole durant 10 ans au sein de l’organisme Les Petits Frères. Sa philosophie est simple : faire aux autres ce qu’il voudrait qu’on lui fasse. Marcel Lafleur est en paix avec lui-même.

« J’ai mené une belle vie et fait les choses à ma façon », confie-t-il, avant d’ajouter d’un air guilleret : « Chaque jour, je lis la nécrologie pour voir si mon nom n’y apparaît pas! ». Qui a dit que « la vie est une chose trop importante pour être prise au sérieux?

 

 

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