Gisèle Bart, Le Journal des citoyens, Prévost, le 22 janvier 2015
Mozart, Bach, Puccini, Delibes, Bizet, Rameau, Piazzola, Rossini et Leblanc ont une fois de plus ravi de leurs œuvres un public nombreux, de par le quatuor La flûte enchantée. Cela se passait à Prévost le samedi 17 janvier. Cet ensemble de flûtes dirigé par un résident de Sainte-Anne-des-Lacs, M. Jean-Philippe Tanguay, se compose en outre de Chantal Dubois, de Josée Poirier et de Jérôme Laflamme, remplacé au pied levé ce soir-là par Mme Caroline Séguin.
Ce qui suit est un constat, non une critique. Une flûte est ainsi conçue qu’elle ne pourrait produire de sons éclatants malgré tous les efforts du plus opiniâtre des flûtistes. C’est pourquoi, à l’instar de violoncelles ou de harpes, par exemple, un concert de flûtes ne pouvait être que doux et pacifiant, ce dont nous avons grandement bénéficié par ailleurs. Cependant, certaines pièces ne pouvaient qu’avoir perdu de la flamboyance à laquelle nous sommes habitués. Ce qui donna une Carmen plus frivole et virevoltante que sulfureuse et cruelle, une Garde montante démilitarisée, une Danse bohème empreinte de légèreté plutôt que passionnément dévastatrice. Les Airs des Sauvages de Rameau, l’une des premières œuvres musicales écrites sur les Amérindiens, nous fit ressentir plus les volutes de fumée des feux et des calumets de paix que la passion des tams-tams et des guerriers.
Où les flûtes étaient le plus en harmonie sujet-interprétation c’est bien entendu avec Mozart et avec Bach (« le compositeur des compositeurs », selon M. Tanguay) dont la musique complexe et raffinée s’apparente avec de la broderie ou de la dentelle, ce qui s’accorde tout à fait avec la flûte. Également celle de Delibes et de Rameau.
Il nous fut mentionné que le programme avait été élaboré avec des coups de cœur de chacun des musiciens et je me permets de mentionner les miens : une pièce de Mario Leblanc, Androgyne, mi-valse mitango, transcrite spécialement pour des flûtes. Introspective, harmonieuse au plus haut point, ses entrelacs et arabesques mêlaient à la sensualité du tango la grâce de la valse. Et puis bien sûr la très connue Cantate 147 de Johann Sebastian Bach, dont on ne se lasse jamais.
En conclusion, si les œuvres normalement enflammées proposées par ce quatuor de flûtes, particulièrement celles de Bizet et de Rossini, nous sont parvenues moins éclatantes, elles n’avaient rien perdu de leur beauté. Mais c’était une beauté différente.