Dominique Gobeil, La Vie d’Ici, Shipshaw, janvier 2015
Le gouvernement du Québec ampute son financement pour le service de transport adapté à Saguenay de 25 %, soit 60 000 $, en 2015. Même si tout le monde doit se serrer la ceinture pour atteindre le fameux équilibre budgétaire, cette fois-ci des personnes avec déjà très peu de moyens écoperont assurément.
Le transport adapté gruge déjà plus de 20 % du budget de 10,5 millions $ de la Société de transport de Saguenay (STS), et la demande ne cesse de croître. Les 2 100 usagers actuels de ce service sont des personnes à mobilité réduite ou vivant avec une déficience intellectuelle, qui ont généralement de faibles revenus. La STS pourra donc difficilement combler son manque de budget en leur refilant la facture et les heures de service seront inévitablement coupées.
Les premières à passer à la hache seront probablement des heures en soirée et pendant les fins de semaine, puisqu'on priorise les trajets servant à se rendre au travail. Ça signifie donc la fin des activités de loisirs pour une majorité d'usagers: des activités qui augmentaient la qualité de vie de ces gens déjà plus désavantagés que la moyenne. Des activités qui leur donnaient l'impression d'avoir un rythme de vie un peu normal et une certaine autonomie. La fin, tout simplement, car les alternatives qui s'offrent à eux sont très limitées.
En effet, rares sont les compagnies de taxis privées qui décident d'offrir des véhicules adaptés pour les personnes à mobilité réduite. Et quand c'est le cas, le service est plus cher que celui de la STS. Si on veut plutôt adapter sa propre voiture, pour être capable de conduire tout en étant en fauteuil roulant par exemple, cela pourrait coûter jusqu'à 50 000 $. C'est «seulement» aux alentours de 25 000 $ si la personne demeure simple passagère.
Admettons que cette dépense soit envisageable, il faut encore trouver un conducteur disponible. À la longue, le cercle de connaissances à qui l'on peut demander cette faveur s'épuise. On oblige les usagers du transport adapté à abandonner leurs acquis, à se débrouiller seuls et à piler sur leur orgueil chaque fois qu'ils doivent sortir de chez eux. À ce rythme, ils finiront forcément par s'isoler à la maison.
C'est sans oublier les conditions météorologiques du Québec, qui font en sorte que l'accès à un transport est un droit fondamental. Personne ne se priverait de sa voiture en plein hiver pour se rendre à l'épicerie ou chez le médecin. Avec le calvaire que la neige et la glace imposent aux personnes à mobilité réduite, la moindre des choses serait d'offrir un transport adapté qui se respecte.