Line Landry, L’Attisée, Saint-Jean-Port-Joli, janvier 2015
La magnifique photo de Pilar Macias en page couverture montre Karine Gagné, danseuse du film «Glace, crevasse et dérive» de Chantal Caron, directrice artistique de la compagnie Fleuve-Espace-Danse de St-Jean-Port-Joli.
Cette vidéodanse réalisée en 2013 en collaboration avec Albert Girard a été primée meilleure vidéodanse de moins de 10 minutes au «San Francisco Dance Film festival 2014» (SFDFF).Une reconnaissance internationale pour une chorégraphe de chez nous.
Sa première expérimentation de ce médium l’a séduite, lui permettant de dépasser l’éphémère d’une chorégraphie. Épaulée par Joël Bêty, biologiste et chercheur de l’Université du Québec à Rimouski, elle récidivera en filmant «73e Nord» chorégraphie qui illustre la migration des oies à partir du Maryland (73e parallèle) jusqu’à l’île Bilot. Les berges du fleuve, univers qu’elle fréquente depuis l’enfance, l’habite et s’impose dans plusieurs de ses chorégraphies dont «1.2.3. les pieds dans l’eau» (2010), «À ciel ouvert, Danser sur l’infini de l’horizon» (2011) et «Île des ailes» (2012) présentées in situ.
Dans son école de danse à St-Jean-Port-Joli, elle a transmis savoir-faire et savoir-être en plus d’aider au développement de l’estime et de la confiance en soi des élèves. Cette passionnée-passionnante rêveuse, intuitive, inspirée par les rencontres, l’insolite, les gens, les masses est également déterminée et tenace. Adolescente, elle souhaitait devenir danseuse internationale. La danse l’a entraînée à Vienne, en Égypte, au Honduras…Sa chorégraphie gagnante sera à l’étude à l’université d’UTAH.
L’ouverture d’une école de danse et la fondation en 2006 d’une compagnie de danse contemporaine dans un village d’environ 3000 habitants s’avèrent unique au Canada.
Dans un milieu culturel où circulent certains préjugés sur les créations non citadines, elle se démarque par ses chorégraphies. Le Conseil des arts et lettres du Québec (CALQ) et le Conseil des arts du Canada (CAC) lui décernent des bourses qui lui permettent de poursuivre ses explorations et de nourrir son imaginaire.
En 2012, la Fondation David Suzuki (FDS) la nomme «Ambassadrice du St-Laurent », un rôle sur mesure pour cette figure de proue. Elle y défend le fleuve, son protégé, le terrain de jeu de son enfance, le décor de ses chorégraphies in situ. Elle en parle avec amour, respect et souhaite que nous en soyons les gardiens et protecteurs.